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N° 14. — 1920.

BUREAUX: 10b. BD SAINT-GERMAIN (6«)

31 août.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro ; 1 Franc

PROPOS DU JOUR

wSj'i sait que l’Union centrale des arts
i-ril w décoratifs occupe une partie de l’aile
latérale nord des Tuileries avec le
tel pavillon de Marsan qui la termine.
Ceci par concession temporaire de l’État, ce
dernier devant être mis en possession, en
échange, du musée créé et entretenu par l’Union.
Ce privilège est arrivé récemment à expiration
et les parties sont convenues de le renouveler
pour quinzeans, sauf approbation du Parlement.
Cette approbation n’était pas douteuse: l’État a
bien assez à faire, pour le moment, avec ses
propres musées, où tant de choses seraient à
réorganiser et à améliorer, sans assumer une
charge de plus — du moins la charge morale,
puisqu’il interviendra financièrement désor-
mais, selon l’arrangement nouveau; et, d’autre
part, une sincère reconnaissance est due à
l’Union centrale pour son remarquable effort.
En fait l’approbation a été accordée sans discus-
sion.

11 semble, cependant, que quelques condi-
tions auraient pu être posées à la société béné-
ficiaire. Son rôle ne gagnait-il pas à être pré-
cisé, mais non, certes, dans le sens où le
souhaiteraient certains industriels d’art, qui lui
reprochent, paraît-il, de « patronner un art
nouveau, international et cosmopolite »? 11
convenait peut-être de demander qu’elle se
vouât avec plus d’insistance encore à l’art con-
temporain en renonçant délibérément à enrichir
les séries rélrosp ctives du musée, lesquelles,
en fait, doublent, a i moins pour certaines pério-
des, Cluny ouïes galeries d’objets d’art et de
mobilier du Louvre.

Nous n’entendons nullement dire, par là, que
le rôle de l’Union devait être restreint. 11 se
serait agi, bien plutôt, de le développer, de lui
donner le caractère d’une mission de haute
importance en ce temps où les arts appliqués
prennent une si vigoureuse extension, malgré
les manœuvres de ceux pour qui ils ne devraient
point sortir du pastiche et de la néfaste «imi-

tation d’ancien ». Le musée, dont les séries
modernes seraient à enrichir méthodiquement,
se serait complété également, au point de vue
de la technique pure, par la présentation des
matériaux, de l’outillage, des procédés ; il
perdait par là un peu de ce cachet de grande
collection d’amateur, mais où serait le mal? Un
musée des arts décoratifs digne de ce nom,
adéquat aux nécessités de notre époque, doit
être avant tout une institution de consultation
large et constante, d’enseignementdirect, d’uti-
lisation pratique, un laboratoire, non un réper-
toire d’objets de curiosité.

Quant aux expositions temporaires — à mul-
tiplier — il eût été bon de prescrire qu’elles
n’auront jamais un caractère archéologique ou
historique. Certaine « exposition .de la Légion
d’honneur » est bien le type de ce qu’il ne fau-
drait plus faire à -cet égard. La place de ces
exhibitions (dont l’intérêt demeure réel) est
ailleurs. On ne devrait nous montrer que l’œu-
vre de nos décorateurs actuels, et, à côté, de
nombreux spécimens de ce qui se fait au dehors,
pourvu qu'ils ne présentent aucune tracé de ce
traditionnalisme pasticheur que certaine expo-
sition anglaise, il y a quelques années, nous
offrit en abondance.

Un grave problème aurait dû se poser au sujet
de la bibliothèque. Ne convenait-il pas d’en
réglementer l’utilisation? Pour y interdire le
décalque, notamment, cette source aisée et infi-
nie du mortel plagiat. 11 n’eût point été facile de
décider, nous le reconnaissons; encore était-il
bon d’envisager la question.

Et, si une tâche devait être proposée à l’Union
centrale, c’était celle d’établir une vaste enquête
sur les métiers d’arts locaux de notre pays, d’en
constater l’étal, d’en rassembler les traditions
et les éléments naturels, de façon à travailler
à leur renaissance s’ils sont disparus ou agoni-
sants, à leur réforme s’ils se sont enlisés dans
la routine et l’imitation.

Quoi qu’il en soi t de ces quelques observations,
qui pourraient toujours, du reste, être prises en
considération par l’Union centrale, on ne peut
qu’applaudir au nouveau bail qu’elle a passé
' avec l’État et l’en féliciter.
 
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