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176

LA CHRONIQUE DES ARTS

res recherches, poursuivies en Hollande par le
D> Ileilbron d’Amsterdam.

L’auteur a pu faire en France quelques expé-
riences facilitées par MM. Guiffrey et Jamot, conser-
vateurs au Louvre, M. J. Robiquet conservateur du
musée Carnavalet, et la maison Lefranc.

La transparence des corps aux rayons X dépend du
nombre et du poids des atomes qui les constituent.
Il faut considérer dans un tableau: le support,
l’enduit et les couleurs. Les anciens étendaient sur
leurs supports un mélange de carbonate de chaux et
de colle, relativement' transparent aux rayons X.
Actuellement, on se Sert d’un enduit à la céruse,
plus opaque et qui, se glissant dans les interstices
des fils de la toile, contraste avec la transparence de
ceux-ci, qui ne se laissent pas imbiber.

Les couleurs sont aussi d’un poids et d’une trans-
parence variable. Le blanc, composé de sels lourds,
de plomb ou de zinc, s’oppose au passage des rayons.
Le bitume et la plupart des noirs, sont légers et
facilement traversés. Entre ces extrêmes, les poids
atomiques varient, depuis le léger carmin jusqu’au
lourd jaun-e de chrome. Mais des couleurs autrefois
à base de sels minéraux (la plupart des rouges) sont
aujourd’hui formées de substances végétales plus
transparentes (garance). L’outremer extrait autrefois
du lapis-lazuli se prépare, maintenant, d’une com-
binaison plus légère d’alumine, silice et sulfure de
sodium.

Pour une bonne radiographie deux choses sont
essentielles: transparence du support et de l’enduit;
opacité de certaines couleurs employées, dont les
contrastes formeront l’image.

Ces conditions se trouvent réunies dans les
tableaux anciens. Les modernes, pourvus d’un enduit
opaque, recouverts de couleurs plus transparentes
aux rayons, donnent des images souvent presque
invisibles.

La radiographie peut donc fournir un indice sur
l’àge d’un tableau et, parfois sur son authenticité,
mettre en évidence les dégâts subis malgré les res-
taurations ; l’enduit et les couleurs employés, d’üne
fabrication et d’une densité différentes se traduiront
sur la plaque par des taches à contours parfaitement
limités décelant des ravages parfois insoupçonnés.
Voir un tableau par transparence, c’est connaître en
partie son histoire. L’artiste peut avoir modifié son
œuvre au cours de l’exécution; les truquages, addi-
tions, repeints, sont ainsi révélés ; sans parler des
découvertes imprévues de tableaux entiers disparus
sous des œuvres nouvelles, dues à quelque artiste
peu scrupuleux.

Les premières épreuves présentées : la Vierge de
Stella et le Bouquet de fleurs montrent le contraste
entre la radiographie d’un tableau ancien et celle
d’un tableau moderne.

La première a des contours assez nets; on y
reconnaît les personnages. Elle révèle au bas du
tableau des restaurations dont on ne soupçonne pas
l’étendue sur l’original. Sur la seconde, aucune
image n’est visible, à part celle des trois fleurs
blanches, seules assez opaques pour porter ombre à
travers l’enduit à la céruse qui recouvre certainement
la toile.

L’Enfant royal en prière (école française, xve siècle)
appartient au Louvre où il a été radiographié. Les
conservateurs supposaient que le fond primitif avait
subi des dégradations, masquées-, il y a peut-être
un siècle, au moyen dû fond noir uniforme d’au-
jourd’hui ; la radiographie confirme cette hypothèse,
et a révélé les dégâts importants d’un fond primitif

plus clair, apparaissant à travers le fonds noir actuel
transparent aux rayons.

Une radiographie a été faite par le I> Ileilbron,
sur une Crucifixion d’Engelbrechtsz. Un personnage,
à droite au pied de la croix, apparaît double; une
restauration fut faite, et sous la femme à genoux on
trouve le moine en prière que révélait déjà la radio-
graphie.

La dernière radiographie, celle d’un tableau
représentant une petite scène flamande : danse et
musique, attribué autrefois à van Ostade, ne montre
pas trace des personnages (à part une tête qu’on
devine au centre) ; par contre apparaissent sur
l’épreuve, véritables palimpsestes, deux paons, deux
canards et des poules, aux contours des plus nets.
Il y a évidemment deux tableaux superposés sur un
même bois : le premier (animaux), vraisemblable-
ment ancien, sans aucun enduit opaque, le second,
le faux van Ostade, probablement moderne, puisque
les couleurs, sauf les blancs, sont presque unifor-
mément transparentes aux rayons.

A propos de la tenture
« Les Chasses de Maximilien ».

Les articles si documentés de M. P. Alfassa dans
la Gazette des B eaux- Arts (1) au sujet des tapisseries
dites « Chasses de Maximilien » ont ouvert la voie
à de nouvelles recherches. D’un travail de M. Sain-
tenoy, président de la Société d’archéologie de Bru-
xelles, et que l’auteur nous a aimablement commu-
niqué, avant même sa publication, nous extrayons
les remarques suivantes, qui nous paraissent fort
intéressantes.

M. Paul Alfassa avait été amené par d’ingé-
nieuses déductions à dater les cartons de ces tapis-
series d’une période qui s’étendait des environs de
1521 aux-environs de ,1530. M. Saintenoy s’est
demandé si par des textes d’archives conservées
dans le pays, on ne pourrait pas arriver à resserrer
encore ces limites. Il remarqua que dans la tapisse-
rie du mois de mars la chapelle de Saint-Philippe et
de Saint-Jean du palais ducal est représentée ache-
vée seulement à hauteur des bas côtés, et couverte
en chaume (ce dernier détail paraît avoir échappé à
ses devanciers). Or dans les archives de Bruxelles(2)
M. Saintenoy a trouvé que le 22 décembre 1527, il est
payé à différents maîtres des sommes pour avoir
couvert « l’ouvraige » de là chapelle qui nécessita
16654 hottes de paille achetées au marché de Bru-
xelles et à la campagne. Du 15 juin 1529 jusqu’au
27 avril 1530 figurent encore des dépenses pour l’en-
tretien de cette toiture qui subsista jusqu’en jl538 ;
l’on éleva alors des voûtes sur les bas côtés et l’on
remplaça « l’estrain » par des ardoises. Le dessin
des cartons représentant la couverture de chaume est
donc postérieur ,à l’année 1527. D’autre part, comme
l’a remarqué M. P. Allassa, il est antérieur à Pâques
1533, moment où la gouvernante Marie de Hongrie
fit ajouter au palais ducal des constructions nou-
velles qui ne figurent pas sur le dessin dans son état
primitif.

M. Saintenoy semble donc être parvenu, par la 1 2

(1) Voir livraisons de février et mars-avril 1920.

(2) Chambre des Comptes, archives n°s 27398 à
27 399.
 
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