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MÉLANGES d’ARCHÉOLOGLE.

cite-t-il des vers grecs antiques aux gens de l’Archipel et du Péloponèse; mais l’Ancien
Testament et le Nouveau régnent sur le tout, et son Épître aux Hébreux ne leur demande
pas de se faire Hellènes pour appartenir à l’Église. Toute forme est bonne si le cœur est
édifié, mauvaise (fût-elle ancienne) si l’esprit du fidèle n’y reconnaît pas l’enseignement
fondamental.
Conséquemment, quoi qu’il en soit des appréciations personnelles d’un homme qui a
été baptisé à Notre-Dame de Paris, le byzantin, le roman, le gothique, la renaissance ou
la rocaille ne me passionnent qu’en tenant compte de P effet produit par ces genres divers
sur le spectateur pour le mener à Dieu. L’humanité se compose de races diverses
auxquelles les siècles et les civilisations ont imposé un cachet spécial ; et j’avoue, pour
ma part, que certaines églises valaquesme semblent grandement comprises. Je me souviens
aussi, que dans mon enfance je remarquai avec un certain plaisir patriotique la surprise
religieuse qu’éprouvaient des officiers russes à leur entrée dans la cathédrale parisienne.
11 paraît donc que l’habitude n’est pas tout, et que certaines formes ont un charme qui
se fait sentir aux gens les moins habitués. Mais en somme chacun de nous aime ce qu’il
a vu dès son enfance; laissons donc les hommes sous l’empire de ce qui parle à leurs
cœurs, sans trop accorder à ce qui émeut le nôtre. Le secret de chacun, Dieu le sait; il
suffit que le Grand Maître soit servi : Part est chose secondaire dans la destinée immor-
telle de l’homme. Jésus-Christ et sa mission divine passent avant, de beaucoup.
Le fait est que nous avons à droite de S. Erhard un autel (page 32) paré de tapisseries
byzantines où l’on aperçoit des chevaux de course qui, coiffés d’un petit drapeau, doivent
être un souvenir des fêtes de l’Hippodrome. Le petit ciborium, surmonté d’une autre
voûte où pend une seconde couronne d’or, rappelle la magnificence que les siècles passés
prodiguaient volontiers dans le sanctuaire pour attirer l’attention sur l’autel principal L
Il est donc clair que la grandeur du pontificat trouve sa source dans la célébration solen-
nelle de la sainte Messe2; les autres attributs de cette dignité consistent à transmettre
le pouvoir de continuer ce grand œuvre jusqu’à la fin du monde: c’est ce qui fait que
le sacerdoce n’est entier que dans celui qui fait les prêtres. L’épiscopat interrompu, tout
croulerait, parce que la succession s’arrêterait dans l’Église. C’est pourquoi S. Erhard
revêt ici une sorte de pallium qui indique l’importance des évêques.
Cette espèce d’ornement trouvera son explication quand nous aurons à parler de
plusieurs broderies conservées à Eichstædt. Contentons-nous aujourd’hui de faire observer
que, d’une épaule à l’autre, est inscrit en grec le mot Hierarchia. La langue hellénique
n’était pas seulement recommandée aux fidèles par les traces fréquentes que la théologie
en conserve dans l’expression de la doctrine chrétienne ; l’Allemagne du xe siècle et du xie
avait eu des relations nombreuses avec l’empire de Constantinople, surtout lorsque l’em-
pereur saxon Otlion II épousa la princesse Théophanie (ou Théophano). Alors bien des
artistes orientaux suivirent dans l’Occident la fortune de cette femme distinguée. L’art
germanique en montre beaucoup de traces; les empereurs iconoclastes d’Orient avaient

1. Il en a été question très-suffisamment dans les
Mélanges d’archéologie, lre série, t. III, p. 12-39; et l’on
aurait pu y citer bien d'autres textes, sans compter les
monuments qui développeraient le témoignage de l’im-
portance qu’on attachait au lieu où s'offrait solennel e-
ment le saint sacrifice. En outre, l’institution d’une

solennité spéciale pour le sacrement de nos autels (au
xme siècle) valait aussi quelque chose en cette affaire.
2. C’était le souvenir de ce que dit Noire - Seigneur
aux apôtres, quand il institue l’eucharistie; comme parle
le canon de la Messe : « Hæc quotiescumque feceritis, in
» mei memoriam facietis. »
 
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