MÉLANGES d’ARCHÉOLOGIE.
ne sont vues qu en buste, et apportent leur offrande. Tout l’éclaircissement qu’on nous
y donne, c’est l’inscription suivante :
« Solvimus ecce tibi, rex, censum jure perenni.
Clemens esto tuis, nos recldimus ista, quotannis. »
Gomme qui dirait :
« Protégez-nous, si vous prétendez voir la rentrée des impôts. »
Quelqu’un qui sera de loisir pour comparer la manière de ces miniateurs avec la
ciselure du même temps, peut examiner le grand retable de Baie (en or repoussé),
qu’on voit maintenant au musée parisien de Cluny1.
Mais passons à la page ou notre saint empereur est couronné par Jésus-Christ lui-
même, auquel le présentent deux saints (page 61).
Cette fois encore nous avions été prévenus par les Bollandistes 2, qui ont consacré
une grande gravure au trésor de Bamberg. La miniature d’un missel de saint Henri
que nous avons à expliquer, y occupe un petit coin qui n’est pas tout à fait digne
du livre, car la réduction donne à peine 15 centimètres de hauteur au sujet ; tandis
que l’original, y compris les bordures ornementées, en a réellement 2k de haut.
Notre bois gravé, quoique réduit un tant soit peu, se rapproche davantage du
modèle.
Avec un peu de mauvaise humeur, on pourrait absolument reconnaître encore ici
quelque transfiguration adaptée à la louange du césar. Mais je n’éprouve pas le besoin
de gronder celui qui a peint cette composition vraiment remarquable, à tout prendre.
Le saint est couronné par Notre-Seigneur assis dans Yamande 3 ; et ses bras sont
soutenus par deux grands protecteurs de la Bavière : S. Ulrich et S. Emmeran. Leurs noms
ne sont pas douteux, puisqu'à droite et à gauche on lit ces deux vers :
« Ilujus Uodalricus cor regis signet et actus,
Emmeranus ei faveat solamine dulci. »
1! y avait bien à Ratisbonne une église sous l’invocation de saint Ulrich, puisqu’on
voit ses biens incorporés aux prébendes de la cathédrale 4 par l’évêque Léon en 1263;
mais peut-être ce saint ne figure-t-il ici que comme l’honneur de la nation bavaroise5.
Quant à saint Emmeran, tout honoré qu’il fût à Ratisbonne, il était Français de nais-
sance; et sa représentation ici paraît indiquer que le manuscrit avait été exécuté dans Je
1. Le premier acquéreur qui promena par l’Europe ce
grand ouvrage d’orfèvrerie publiait en même temps quel-
ques pages pour l’expliquer. 11 élait facile de reconnaître
dans son texte un peu d’inexpérience; mais cela ne fait
rien au monument lui-même, qui est d’une véritable
valeur.
2. AA. SS., Jul.,ibid., p. 786.
3. Cf. Caractéristiques des saints, p. 27-29. Cette amande
n’est pas plus ici une vesica piscis que dans la prétendue
transfiguration du ms. de M. de Ilorsbach.
Du reste, même dans les cas où cette désignation est
mieux appliquée par quelques antiquaires, elle me ré-
pugne três-particuliérement.
h. Cf. Th. Ried, Codex... diplomatie, épiscopat., Ratis-
bon., t. I, p. 668, sq.
5. On discute la question de savoir s’il était Bavarois
ou Souabe (Cf. AA. SS., Jul., t. II, p. 76); mais il était cer-
tainement un des grands évêques de la Bavière, et sa ca-
nonisation était toute récente. Elle devait, du reste, avoir
fait d’autant plus de bruit sur le haut Danube, quelle
passe pour la première qui ait été l’objet d’une bulle bien
authentique. (Cf. ibid., p. 79, sq.)
ne sont vues qu en buste, et apportent leur offrande. Tout l’éclaircissement qu’on nous
y donne, c’est l’inscription suivante :
« Solvimus ecce tibi, rex, censum jure perenni.
Clemens esto tuis, nos recldimus ista, quotannis. »
Gomme qui dirait :
« Protégez-nous, si vous prétendez voir la rentrée des impôts. »
Quelqu’un qui sera de loisir pour comparer la manière de ces miniateurs avec la
ciselure du même temps, peut examiner le grand retable de Baie (en or repoussé),
qu’on voit maintenant au musée parisien de Cluny1.
Mais passons à la page ou notre saint empereur est couronné par Jésus-Christ lui-
même, auquel le présentent deux saints (page 61).
Cette fois encore nous avions été prévenus par les Bollandistes 2, qui ont consacré
une grande gravure au trésor de Bamberg. La miniature d’un missel de saint Henri
que nous avons à expliquer, y occupe un petit coin qui n’est pas tout à fait digne
du livre, car la réduction donne à peine 15 centimètres de hauteur au sujet ; tandis
que l’original, y compris les bordures ornementées, en a réellement 2k de haut.
Notre bois gravé, quoique réduit un tant soit peu, se rapproche davantage du
modèle.
Avec un peu de mauvaise humeur, on pourrait absolument reconnaître encore ici
quelque transfiguration adaptée à la louange du césar. Mais je n’éprouve pas le besoin
de gronder celui qui a peint cette composition vraiment remarquable, à tout prendre.
Le saint est couronné par Notre-Seigneur assis dans Yamande 3 ; et ses bras sont
soutenus par deux grands protecteurs de la Bavière : S. Ulrich et S. Emmeran. Leurs noms
ne sont pas douteux, puisqu'à droite et à gauche on lit ces deux vers :
« Ilujus Uodalricus cor regis signet et actus,
Emmeranus ei faveat solamine dulci. »
1! y avait bien à Ratisbonne une église sous l’invocation de saint Ulrich, puisqu’on
voit ses biens incorporés aux prébendes de la cathédrale 4 par l’évêque Léon en 1263;
mais peut-être ce saint ne figure-t-il ici que comme l’honneur de la nation bavaroise5.
Quant à saint Emmeran, tout honoré qu’il fût à Ratisbonne, il était Français de nais-
sance; et sa représentation ici paraît indiquer que le manuscrit avait été exécuté dans Je
1. Le premier acquéreur qui promena par l’Europe ce
grand ouvrage d’orfèvrerie publiait en même temps quel-
ques pages pour l’expliquer. 11 élait facile de reconnaître
dans son texte un peu d’inexpérience; mais cela ne fait
rien au monument lui-même, qui est d’une véritable
valeur.
2. AA. SS., Jul.,ibid., p. 786.
3. Cf. Caractéristiques des saints, p. 27-29. Cette amande
n’est pas plus ici une vesica piscis que dans la prétendue
transfiguration du ms. de M. de Ilorsbach.
Du reste, même dans les cas où cette désignation est
mieux appliquée par quelques antiquaires, elle me ré-
pugne três-particuliérement.
h. Cf. Th. Ried, Codex... diplomatie, épiscopat., Ratis-
bon., t. I, p. 668, sq.
5. On discute la question de savoir s’il était Bavarois
ou Souabe (Cf. AA. SS., Jul., t. II, p. 76); mais il était cer-
tainement un des grands évêques de la Bavière, et sa ca-
nonisation était toute récente. Elle devait, du reste, avoir
fait d’autant plus de bruit sur le haut Danube, quelle
passe pour la première qui ait été l’objet d’une bulle bien
authentique. (Cf. ibid., p. 79, sq.)