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MÉLANGES d’AKCIIÉOLOGIE.

graphiques. Ils ont pu constater ainsi que l’épiscopat de saint Florentin, écarté d'une
façon un peu tranchante par des critiques modernes (Hontheim, etc.), était admis au
\me siècle dans les deux villes les plus intéressées à conserver exactement le souvenir
des successeurs qu’avait eus saint Servais L
Saint Materne ligure au sommet de la série (dans l’angle supérieur de gauche),
parce que Tongres le regarde comme ayant érigé la première église qu’ait possédée cette
ville ; et à ce titre il est compté comme prédécesseur de saint Servais, bien qu’il
fût réellement évêque de Cologne, dont le diocèse renfermait alors la ville de Tongres.
Du reste, il était passé en usage de lui attribuer l’épiscopat de ces deux cités con-
jointement; et même de celle de Trêves, qu’il administra aussi pendant quelques
années. On le tenait, en outre, pour envoyé immédiat de saint Pierre.
Mais laissons tous les détails historiques locaux à ceux qui auront le loisir de
dépouiller les archives de Tongres et de Liège, il nous suffit de faire observer que
le style de ce morceau d’orfèvrerie lui assigne pour date le commencement du xme siècle;
et cela dit, bornons-nous à expliquer le sens des figures gravées dans le cuivre.
On reconnaît aisément de prime abord que les deux anges placés au centre, en lace
l’un de l’autre, sur les volets fermés, sont là pour nous faire comprendre, par l’en-
censoir qu’ils tiennent en leurs mains, la sainteté de l’objet qui s’offrira aux yeux
lorsque cette espèce de porte sera ouverte. Car nul sujet de leurs hommages ne se
présentant d’abord aux regards, l’esprit est porté tout naturellement à conclure que le
premier coup d’œil ne lui a pas tout dit, et qu’il faut chercher plus avant. Quant aux
petites scènes historiques qui alternent avec les bustes d’évêques, énumérons-les toutes
dès maintenant pour qu’on les retrouve sans peine dans l’explication. A droite du portrait
quelconque de saint Materne, les deux petits tableaux séparés par un buste représentent
l’immolation de l’agneau pascal en Egypte, et les portes marquées de son sang (Exocl.
xu, 1-14); au-dessous de saint Materne, deux tableaux, séparés de même, sont consacrés
au serpent d’airain dressé dans le désert {Nam. xxi, 5-9); et plus bas c’est Abraham
sur le point d’immoler Isaae (Gen. xxu, 1-18). Dans la bande inférieure, deux compar-
timents, comme au sommet, ne forment qu’une seule et même scène : Elie rencontrant
la veuve de Sarepta (III Reg. xvn, 8-1 G). En remontant la bande verticale à droite
du spectateur, ou trouvera la grappe de la Terre promise (Beuteron. i, 22-25); puis
Déracines et Chosroès, et enfin l’apparition de la croix à Constantin.
Pour peu que l’on connaisse l’histoire de l’Église, on a pu juger immédiatement par ces
deux derniers sujets, que l’ensemble se rapporte à la croix de Jésus-Christ; et si l’on
a en outre quelque habitude des monuments du moyen âge, on aura reconnu sans
peine que les faits de l’histoire sainte rassemblés ici sont de ceux où nos pères voyaient
des prophéties de la Rédemption, et des figures prophétiques de l’instrument1 2 par
lequel devait être opéré notre salut sur le Calvaire.

1. AA. SS., Octobr., t. VIII, p. 36. 11 y avait pourtant à
profiter mieux de l’appui prêté aux vieilles traditions
par un instrument de cette notoriété.
2. Pour n’en citer ici que quelques témoignages entre
plusieurs, empruntons à M. Jules Labarte les principaux
traits d'un monument signalé par lui dans sa Descrip-
tion_ ch la collection Debruge (p. 640, svv.). Cf. Annales
archéologiques, t. VIII, p. I, svv. — Autour de Jésus-Christ

se voient les représentations et les inscriptions sui-
vantes :
Isaae portant sur ses épaules le bois qui doit lui servir
de bûcher :
« Sic crucis es, Christe, ceu ligni portitor iste. »
Noé tenant l’arche :
« Area superflua, dux, sunt Christi fons sacer et crux. »
 
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