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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

porte de la patte droite un calice élevé. Un renard, debout derrière celui-ci, semble le
tenir avec une double corde. Plus loin (à la troisième ligne des gravures) paraît, dans
une tente et sur un lit de repos, un veau nonchalamment appuyé sur les pattes de
devant, dont il se fait un oreiller; puis un léopard {'panthère ?) qui semble adresser la bien-
venue à un énorme chien [renard ou loup) s’appuyant sur un bâton de voyage (bourdon?')
et portant son paquet sur le dos. Vient ensuite un animal marchant aussi à l’aide d’un
bâton, et entraînant derrière lui avec une corde (?) un porc, qui semble faire les plus
grands efforts pour résister et pour s’accrocher aux pattes d’un autre animal bizarre
(à tête de griffon), qui paraît vouloir le retenir. Vient enfin un sanglier enchaîné à une
espèce de poteau (à moins que ce ne soit une massue attachée autour du corps de la
hôte par une chaîne, comme l’est un glaive par le ceinturon ou le baudrier). De l’animal
suivant on n’aperçoit que la queue et deux pattes. »
Il y a là certainement du burlesque, mais où l’on reconnaît plus d’une trace du
Physiologus, avec ce qui s’y rattache inévitablement dans la littérature populaire,
comme on Je verra bientôt par la continuation de ces recherches. D’ailleurs, un calli-
graphe du British Muséum, auquel nous avons fait plusieurs emprunts dans nos Mé-
langes, à propos du Physiologus, paraît avoir eu l’idée de quelque parodie analogue.
Au folio 11, sous le titre Satiri, il dessinait une sorte de singe à longue queue et à
crinière épaisse, qui a l’air de porter à sa bouche un calice. Devant lui se tient une
espèce de cynocéphale à formes sensiblement humaines, élevant avec gravité bouffonne
une croix processionnelle dans un disque emmanché de hampe, si ce n’est le flabellum
en manière de cocarde plissée. Car plusieurs monuments, sans compter le célèbre éven-
tail liturgique de Tournus, indiquent cet instrument dans les cérémonies ecclésiastiques,
et Paciaudi en donne quelque exemple dans son opuscule De umbellarum gestatione
(ayjtxâotpoprjga).
Si peu que je puisse dire jusqu’à l’avénement d’un vrai texte grec bien établi sur
les sources accessibles hors de France, et dont je ne jouirai sans doute pas, il
semble bon de préparer quelques matériaux pour ceux qui voudront enfin revenir une
bonne fois sur des recherches trop écourtées jusqu’à présent. Et puisque je n’ai nulle
part donné le Bestiaire eu langage d’aujourd’hui, prenons au moins comme base provi-
soire une version du Physiologus arménien qui n’a paru qu’en texte asiatique dans
Je Spicilége de Solesme *. M. le comte Ch. de Lescalopier, si curieux d’antiquités
chrétiennes, s’en était procuré une traduction que je tiens de sa bienveillance spon-
tanée, et que plus d’un lecteur sera heureux de lui devoir 1 2. Je me permettrai à peine
certaines modifications aux phrases françaises rédigées par un Arménien, d’après un
texte qui est pour moi lettre close, mais qui peut bien ne pas avoir été traduit

1. Tome III, p. 374-390. M. Hippeau (Revue de l’art
chrétien, t. V, p. 149) doit en avoir vu un texte latin du
ixe siècle à la Bibliothèque impériale. J’avoue que ce manu-
scrit avait échappé à mes recherches.
2. Il est rare qu’un ms. du Physiologus reproduise tout
à fait exactement ses congénères les plus caractérisés.
Celui-ci peut donc passer pour une variété qui donnera
l’idée du genre, ou de l’espèce ; mais qui ne doit pas être
prise comme donnant le dernier mot sur le type fonda-
mental. Aussi ne le présenté-je qu’à ce titre, sans prétendre

qu’il renferme toutesles curiosités énumérées par les leçons
quelconques, grecques, latines, allemandes, picardes, nor-
mandes, etc.; car il s’en faut de beaucoup.
En outre, je ne produis vraiment cette traduction qu’afin
de ne pas laisser trop de lecteurs sans quelque information
sur le procès qui revient si disgracieusement en appel pour
la troisième instance. Des œuvres si peu analogues à notre
civilisation actuelle font assez singulière figure sous la
forme du français moderne. Laissons toutefois imprimer
une rédaction qui a ses côtés utiles.
 
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