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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

et au moyen de sa queue il cache la trace de ses pas, afin que ceux qui le pour-
suivent ne puissent pas le surprendre dans son antre en suivant sa piste1.
De même, le lion invincible envoyé par Dieu, issu de la race de Juda et de Jessé,
subjugua le monde. Il fut caché et déguisa son chemin invisible, mais intelligible
[spirituel, mystique), c’est-à-dire sa divinité. Il se montra ange avec les anges2, roi
avec les rois [trône avec les trônes?), puissant [puissance?) avec les puissances, jus-
qu’au moment où il fut vivifié [incarné?). Car il descendit au sein de la Vierge pour
sauver le genre humain : « Le Verbe s’est fait chair », et les anges du ciel ne le
connurent point. Il fut pour [clans?) le monde, et l’on disait de lui : « Qui est ce
roi entouré de gloire? » et le Saint-Esprit [la cour des esprits célestes?) disait: « C’est
le roi plein de gloires. »
2° Lorsque le lion dort, ses yeux veillent et ne sont pas fermés. Ainsi nous
voyons dans le Cantique des cantiques : « Je dors, mais mon cœur veille toujours. »
Quoique son corps [de Jésus-Christ) reposât [dans le tombeau), sa divinité veillait tou-
jours, et n’avait point de repos. C’est pourquoi la sainte Ecriture nous dit : « Le
gardien d’Israël ne se repose jamais. »
o° Lorsque la lionne met bas, ses lionceaux naissent morts; jusqu’à ce que vers le
troisième jour, le lion arrive ; et soufflant à leur jeune front [sur la face des nouveau-
nés), il les ressuscite.
De même le Tout-Puissant ressuscita son Fils unique, N.-S. Jésus-Christ. Jacob dit
donc avec raison : « Judas le lionceau. »

IL — L’HYDROPPE 3.
A ceux qui 11e pratiquent pas la vertu jusqu’à la tin.
Il existe sur la terre un animal nommé hydroppe, animal terrible que les chas-

Tta Dominus Jésus, leo de tribu Juda, dormivit
Et somnum mortis cepit
In humanitate ;
Sed vigilavit divinitate.
Mysterium nostræ reparationis sic celavit ;
Quod a dæmonibus, vel persecutoribus, indagari non valuit.
Dicitur etiam qundleæna catulum suum morluum fundat,
Et ipse ad vocem rugientis patris die tertia surgat.
Sic Christus, qui triduo in sepulcro jacuit mortuus.
Die tertia surrexit expergefactus voce Patris ; sicut olim de eo præ-
[dixit Jacob patriarcha præcipuus :
Dominus de tribu Juda, ut calulus leonis dormivit;
Quum très dies in morte de (sine?) virtute jacuit,
Quem Pater in die tertia suscitavit. Etc. »
Quand je citerai, pour l’acquit de ma conscience, divers
écrivains ecclésiastiques où l’influence du Physiologus est
bien reconnaissable, qu’on ne prenne pas ces indications
comme résultat d’un dépouillement achevé. Ce n’est que
jalons posés pour qui voudrait passer outre.
1. Pour un bas-relief du Puy en Velay qui a causé plu-
sieurs discussions assez vives, on a voulu prouver que
Jésus-Christ était figuré par n’importe quel animal à

forme léonine. Le mot candci, pris chez quelque dépeceur
du Physiologus, a paru signifier l’incarnation. Mais le lion
sculpté au Puy relève sa queue (terminée en tête de ser-
pent, qui pis est), et celui du Bestiaire doit évidemment
la traîner sur le sol, puisqu’il veut dérober sa piste aux
yeux des veneurs. Cf. Fr. Mandet, N. D. du Puy, p. 86, svv.
N’usons donc des formules et des menus extraits que
sous bénéfice de recours au contexte chez l’auteur primi-
tif. La glose interlinéaire de la Bible a surtout le grand
avantage d'être un commentaire courant, qui accom-
pagne toujours le texte fondamental ; et Méliton ou n’im-
porte quels autres faiseurs de répertoires visaient proba-
blement à ce but. Mais la réalisation même du programme
dans la Glose ne saurait dispenser de recourir aux sources,
soit pour vérifier ou apprécier la provenance, soit pour
peser Là-propos de telle ou telle application.
2. Voici le ■jvXr.pwjj.x, les éons, etc.; et autres traces d’hé-
térodoxie que nous signalions tout à l’heure (page 113), en
cherchant les vestiges de Tatien.
3. Ailleurs on l’appelle Hydrippus, àpwjq cupoç, etc., etc.
Le premier nom serait d’autant moins acceptable, qu’il
semble synonyme d’hippopotame ; et notre animal ne va
qu’au bord de l’eau. Aussi est-il indiqué comme bête ter-
restre dans la rédaction arménienne.—Cf. Mélanges, ibid.,
 
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