SOURCES OU PUISAIT L’ART.
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ser en sus. Autour du cadre sont écrits ces deux espèces de vers qui paraissent
tronqués :
« Axe rotor, ad alla vehor [sedmox ruiturus ?].
Glorior elalus, descendo mortificatus. »
La Fortune elle-même, qui semble assise sur le moyeu de la machine et tourner
avec le système général, tient de la main gauche un vase qui peut être la coupe
enivrante des honneurs; elle la renverse et la vide de sa main droite; et pour que
personne ne s’y trompe, son œil gauche est ouvert, mais l’autre est crevé. Chacun doit
donc savoir que cette protectrice imbécile défait inévitablement ce qu’elle avait fait
d’abord; et cela, tout simplement, parce qu’elle ne nous a pas été donnée pour
inspirer confiance, mais pour se jouer des sots qui adorent le succès L
.Te crois utile de reproduire passablement cette vieille gravure sur bois qui ii’est
plus facile à trouver, et qui ne se recommande pas précisément comme objet d’art;
mais elle vaut néanmoins comme œuvre populaire qui maintenait chez les écoliers du
xvie siècle le haut enseignement donné à tout le populaire par nos vieilles cathédrales.
1. Dans les tarots, qui ont précédé nos jeux de cartes
actuels (cf. R. Merlin, Origine des cartes à jouer), on aper-
çoit maintes traces d’une encyclopédie présentée en ima-
ges à l’enfance ou aux gens du monde. La roue de fortune
y a sa place ; et le quadrupède qui l’accompagne pourrait
bien être le grand Nabuchodonosor précipité de sa haute
puissance dans un état de bête à foin. C’était aussi l’une des
plus sarcastiques alternatives du sort qu'ait jamais enregis-
trées l’histoire pour nous montrer ce que vaut la prospé-
rité humaine. Ce qui ne veut pas dire, pourtant, que je me
range à l’avis de M. l’abbé Auber sur le sens de Nabucho-
donosor dans le portail de Notre-Dame la Grande à Poitiers.
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ser en sus. Autour du cadre sont écrits ces deux espèces de vers qui paraissent
tronqués :
« Axe rotor, ad alla vehor [sedmox ruiturus ?].
Glorior elalus, descendo mortificatus. »
La Fortune elle-même, qui semble assise sur le moyeu de la machine et tourner
avec le système général, tient de la main gauche un vase qui peut être la coupe
enivrante des honneurs; elle la renverse et la vide de sa main droite; et pour que
personne ne s’y trompe, son œil gauche est ouvert, mais l’autre est crevé. Chacun doit
donc savoir que cette protectrice imbécile défait inévitablement ce qu’elle avait fait
d’abord; et cela, tout simplement, parce qu’elle ne nous a pas été donnée pour
inspirer confiance, mais pour se jouer des sots qui adorent le succès L
.Te crois utile de reproduire passablement cette vieille gravure sur bois qui ii’est
plus facile à trouver, et qui ne se recommande pas précisément comme objet d’art;
mais elle vaut néanmoins comme œuvre populaire qui maintenait chez les écoliers du
xvie siècle le haut enseignement donné à tout le populaire par nos vieilles cathédrales.
1. Dans les tarots, qui ont précédé nos jeux de cartes
actuels (cf. R. Merlin, Origine des cartes à jouer), on aper-
çoit maintes traces d’une encyclopédie présentée en ima-
ges à l’enfance ou aux gens du monde. La roue de fortune
y a sa place ; et le quadrupède qui l’accompagne pourrait
bien être le grand Nabuchodonosor précipité de sa haute
puissance dans un état de bête à foin. C’était aussi l’une des
plus sarcastiques alternatives du sort qu'ait jamais enregis-
trées l’histoire pour nous montrer ce que vaut la prospé-
rité humaine. Ce qui ne veut pas dire, pourtant, que je me
range à l’avis de M. l’abbé Auber sur le sens de Nabucho-
donosor dans le portail de Notre-Dame la Grande à Poitiers.
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