AVANT-PROPOS.
xm
Autre giûef tout aussi g'ratuit, sur ia pag^e 32 des à l'occasion de mi-
niatures angdo-saxonnes. Onsuppose que je ne sais pas me débrouiller entre ies réserves eu-
cbaristiques et ies couronnes ou encensoirs suspendus. Mon deuxième volume
pubiié plusieurs mois avant i'articie cie ia sufiisait à faire voir que
ce sujet ne m'était pas tropétrang^er. D'ailieurs, dès 1851, j'avais traité de matières fort sem-
biabies avec détaiis que pius d'un connaisseur trouvatolérabiement g*roupés 0 si bien que
j'aurais pu jug^er étrang*e de n'apercevoir même pas mention de ce travaii dans un mémoire
qui parut à quelques années de ià sur ies couronnes visig*othiques de Guarrazar (acquises
pour notre musée de Clunyj. Mais, encore une fois, nui n'est tenu à compuiser feuiiiet par
feuiiiet mon dossier typogTapbico-archéoiog'ique; seuiement, je crus pouvoirconclure dès
iors qu'il était pius co?727?2odc & c^ccnrc /cc cè/cA c/?^/àyt???/ (dit-on) .5??7' /ccpom/c c////fc//c^ puisque
des hommes d'honneur et instruits n'avaient pas pris la peine de me iire (ou du moins de
me nommer) quand je creusais davantag*e. Confessons que i'écœurement — non pas certes
des citations comme preuve acceptabie, mais des iecteurs qui s'en moquent ou s'en passent
— m'a saisi à diverses reprises; et que je ne serais pas revenu au combat sans quelque ami
qui m'v ramena enme disantdetenir bon. Je m'étais donné phiiosophiquement et chré-
tiennement cetavis de i'Ecriture sainte (Eccii. XXXII, 6) : « Où l'on n'écoute pas, soisbref. ))
ii m'a été dit que cela ne constituait pas précisément en faute un homme qui insiste avec
(/'ërudî/io??, comme on daigne me rintimer compendieu-
sement au nom de je ne sais quel juge. Ce nonobstant, j'in-
terjette appei suspensif, car j'imagine que mon savant
Romain s'y connait un peu en l'espèce de
Mon qualificateur aurait peut-ètre panégyrisé (avec signa-
ture, je ie suppose) ce paysan moderne des environs de Pa-
ris qui, fourvoyé au musée du Louvre, dit à sa femme après
ia première salie (celie des sept cheminées, s'ii vous piait) :
<( Bah! viens t'en-z-en; tout ça, c'est des tabieaux d'Égiise. ))
Ce spéciaiiste farouche voulait apparemment un art hien
décanté, sans nui méiange de dévotion, mythologie ou même
histoire; vu que ie pah'foftsme ou ies prëjugcs religieux et
toutes préoccupations étrangères sont dèpiacées d<ms u?)e
cnMrre de peinture ou de scuipture. J'aime à croire pourtant
que certainsportraits, inais avant tout ies joviaiitcs tiamandes
de D. Teniers (traitces de ?nmyofs par Louis X)V), de Jordaens,
de Brauwer et des Van Ostade, ainsi que ies pàturages hoilan-
dais, iui auraient agréë davantage, comme ne souievant pas
l'esprit trop au-dessus de terre. Mais, i'infortuné! ii trouva
que Léonard deVinci, iesBellini, Jeande Fiesole, Basaïti,
Luini, Masaccio, Raphaci iui-même, Fra Bartoiomeo, Andre
del Sarto, Lesueur, et jusqu'à Paul Vcronèse avec ie Titien, ie
Tintoret, Muriiio, Zurbarran, etc., etc., accordaient piace
trop voiontiers aux histoires bibiiqucs et aux vies des saints.
D'où cette impayabie conclusion anaiytique, bien digne de
notre incomparabie époque : « Ça !... tabieaux d'égiise ! w
Les accessoires iui gàtaient iepriucipai (i'art tout pur, qu'ii
avait rèvé apparemment sur les rives de ia Basse-Marne et
dans les charnps iieuris que baigne la Bièvre).
M est assez vrai que i'objet de ses répugnances au Louvre
ëtait bei et bien des tabieaux d'égiise, mais sécuiarisés
(comme on dit) par ies discipies de Voltaire; et jugés con-
servabies, àtitre de chefs-d'œuvre, par ics commissaires de
la première Rèpubiique et ies généraux du premier empire.
Pour notre butor du Parisis (àorreA'co re/'e?Y??s), hien autre-
inentdéniaisé, la sécularisation (ou confisc'ation) n'étaitplus
suffisante;ii lui faudraitourëclusion étroite ou destruction,
parce que ces inerveiiiesrappelient tropdepensers qu'onen-
tend bien oublierà part soi et faire oublier aux autres.L'es-
prit cainpagnard et plébéien est pius conciusif que ne le pen-
sent ies gens de iettres ou de loi qui veuient s'en faire uu levier
pour ie moment de ieurs projets immédiats ; une fois que cer-
tains principes iui ont ëtë inculqucs bien carrcment, ii en
tire des conséquences à perte de vue, et dont ne se doutent
pas ses prétendus initiateurs. ii faut un aveugiement forini-
dable pour que ies auteurs phiiosophiques de cette perversion
quotidienne (dejà si invétérée) n'apercoivent point encore ce
qui peut ieur en arriver à eux-mèines, pas pius tard que de-
main. — « Et adhuc manus Ejus extensa (Isaï. V, 25). )) Dans
l'apphcation que je donne à ces rnots du prophete, ii y aurait
iieu de se demander s'il s'agit du Ciel ou de Satan. Pour
moi, je n'ignore pas que Satan mêine exécute ies vues de
Dieu, tout en croyant le contrecarrer.
i. Cf. Mc/uupes..., R" série, t. IH, p. i-62; et pi. 1-XII. —
J7c??i, infra, à. h,p. 236. On n'y devinait pas d'avance ce
qui n'a ete littcralement deterré que depuis iors, mais com-
hien dc passages y préparaient i'expiication des trouvaiiies
postérieures! Or, ii n'en a ctë tenu aucun compte. C'est
trop peu encourageant pour les recherches à fond.
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Autre giûef tout aussi g'ratuit, sur ia pag^e 32 des à l'occasion de mi-
niatures angdo-saxonnes. Onsuppose que je ne sais pas me débrouiller entre ies réserves eu-
cbaristiques et ies couronnes ou encensoirs suspendus. Mon deuxième volume
pubiié plusieurs mois avant i'articie cie ia sufiisait à faire voir que
ce sujet ne m'était pas tropétrang^er. D'ailieurs, dès 1851, j'avais traité de matières fort sem-
biabies avec détaiis que pius d'un connaisseur trouvatolérabiement g*roupés 0 si bien que
j'aurais pu jug^er étrang*e de n'apercevoir même pas mention de ce travaii dans un mémoire
qui parut à quelques années de ià sur ies couronnes visig*othiques de Guarrazar (acquises
pour notre musée de Clunyj. Mais, encore une fois, nui n'est tenu à compuiser feuiiiet par
feuiiiet mon dossier typogTapbico-archéoiog'ique; seuiement, je crus pouvoirconclure dès
iors qu'il était pius co?727?2odc & c^ccnrc /cc cè/cA c/?^/àyt???/ (dit-on) .5??7' /ccpom/c c////fc//c^ puisque
des hommes d'honneur et instruits n'avaient pas pris la peine de me iire (ou du moins de
me nommer) quand je creusais davantag*e. Confessons que i'écœurement — non pas certes
des citations comme preuve acceptabie, mais des iecteurs qui s'en moquent ou s'en passent
— m'a saisi à diverses reprises; et que je ne serais pas revenu au combat sans quelque ami
qui m'v ramena enme disantdetenir bon. Je m'étais donné phiiosophiquement et chré-
tiennement cetavis de i'Ecriture sainte (Eccii. XXXII, 6) : « Où l'on n'écoute pas, soisbref. ))
ii m'a été dit que cela ne constituait pas précisément en faute un homme qui insiste avec
(/'ërudî/io??, comme on daigne me rintimer compendieu-
sement au nom de je ne sais quel juge. Ce nonobstant, j'in-
terjette appei suspensif, car j'imagine que mon savant
Romain s'y connait un peu en l'espèce de
Mon qualificateur aurait peut-ètre panégyrisé (avec signa-
ture, je ie suppose) ce paysan moderne des environs de Pa-
ris qui, fourvoyé au musée du Louvre, dit à sa femme après
ia première salie (celie des sept cheminées, s'ii vous piait) :
<( Bah! viens t'en-z-en; tout ça, c'est des tabieaux d'Égiise. ))
Ce spéciaiiste farouche voulait apparemment un art hien
décanté, sans nui méiange de dévotion, mythologie ou même
histoire; vu que ie pah'foftsme ou ies prëjugcs religieux et
toutes préoccupations étrangères sont dèpiacées d<ms u?)e
cnMrre de peinture ou de scuipture. J'aime à croire pourtant
que certainsportraits, inais avant tout ies joviaiitcs tiamandes
de D. Teniers (traitces de ?nmyofs par Louis X)V), de Jordaens,
de Brauwer et des Van Ostade, ainsi que ies pàturages hoilan-
dais, iui auraient agréë davantage, comme ne souievant pas
l'esprit trop au-dessus de terre. Mais, i'infortuné! ii trouva
que Léonard deVinci, iesBellini, Jeande Fiesole, Basaïti,
Luini, Masaccio, Raphaci iui-même, Fra Bartoiomeo, Andre
del Sarto, Lesueur, et jusqu'à Paul Vcronèse avec ie Titien, ie
Tintoret, Muriiio, Zurbarran, etc., etc., accordaient piace
trop voiontiers aux histoires bibiiqucs et aux vies des saints.
D'où cette impayabie conclusion anaiytique, bien digne de
notre incomparabie époque : « Ça !... tabieaux d'égiise ! w
Les accessoires iui gàtaient iepriucipai (i'art tout pur, qu'ii
avait rèvé apparemment sur les rives de ia Basse-Marne et
dans les charnps iieuris que baigne la Bièvre).
M est assez vrai que i'objet de ses répugnances au Louvre
ëtait bei et bien des tabieaux d'égiise, mais sécuiarisés
(comme on dit) par ies discipies de Voltaire; et jugés con-
servabies, àtitre de chefs-d'œuvre, par ics commissaires de
la première Rèpubiique et ies généraux du premier empire.
Pour notre butor du Parisis (àorreA'co re/'e?Y??s), hien autre-
inentdéniaisé, la sécularisation (ou confisc'ation) n'étaitplus
suffisante;ii lui faudraitourëclusion étroite ou destruction,
parce que ces inerveiiiesrappelient tropdepensers qu'onen-
tend bien oublierà part soi et faire oublier aux autres.L'es-
prit cainpagnard et plébéien est pius conciusif que ne le pen-
sent ies gens de iettres ou de loi qui veuient s'en faire uu levier
pour ie moment de ieurs projets immédiats ; une fois que cer-
tains principes iui ont ëtë inculqucs bien carrcment, ii en
tire des conséquences à perte de vue, et dont ne se doutent
pas ses prétendus initiateurs. ii faut un aveugiement forini-
dable pour que ies auteurs phiiosophiques de cette perversion
quotidienne (dejà si invétérée) n'apercoivent point encore ce
qui peut ieur en arriver à eux-mèines, pas pius tard que de-
main. — « Et adhuc manus Ejus extensa (Isaï. V, 25). )) Dans
l'apphcation que je donne à ces rnots du prophete, ii y aurait
iieu de se demander s'il s'agit du Ciel ou de Satan. Pour
moi, je n'ignore pas que Satan mêine exécute ies vues de
Dieu, tout en croyant le contrecarrer.
i. Cf. Mc/uupes..., R" série, t. IH, p. i-62; et pi. 1-XII. —
J7c??i, infra, à. h,p. 236. On n'y devinait pas d'avance ce
qui n'a ete littcralement deterré que depuis iors, mais com-
hien dc passages y préparaient i'expiication des trouvaiiies
postérieures! Or, ii n'en a ctë tenu aucun compte. C'est
trop peu encourageant pour les recherches à fond.