86
MELANGES D'ARCHEOLOGIE.
statuaire qui exécuta ce sarcophag*e. Un abus d'affirmations pousse à quelque excès de
doute, et le répondant a ses droits d'excuse sous prétexte qu'it s'est piqué au jeu. Admettons,
en somme, qn'on nous présentait bien ici des faits empruntés à l'histoire dn Nouveau Tes-
tament. La mission divine de saint Maximin en Provence se trouvera-t-ehe beaucoup mieux
étabtie par ces bas-retiefs? Autant vaudrait nous donner à croire que tout séputcre rappetant
Abraham, Jonas, ou saint Pierre et saint Paul, fut destiné dès t'orig*ine à recevoir les retiques
d'un patriarche, d'un prophète ou d'un apôtreh
Appuyons sur ta non-vateur de ces prétendues preuves, parce que l'on gAte jusqu'à ta
probahitité (quette qu'elte soit) de certains récits pieux et mème respectabies, en voutant les
étayer de démonstrations insubsistantes qui feraient penser que tout cathotique se précipite
avec bonheur dans la croyance des faits les moins établis. Patriotisme ou enthousiasme
n'ont que faire au débat de questions historiques; saint Phihppe Néri dont ia piété n'est pas
suspecte, et qui forma le cardinai Baronius, disait qu'un serviteur de Dieu doit faire cas du
bon sens, et ne pas croire aux rêves. Gette sentence est encore utiie à répéter de nos jours,
ahn que l'on ne transforme pas d'emhiée une pieuse croyance en article indubitahie sous
iequei ii faihe courber ia tête avec acquiescement profond.
Les deux sépuicres que je rapproche i'un de i'autre pour ne ienr consacrer que peu de
Hgmes, ont été dessinés dans ia vilie d'Aries; et celui qui porte ia iettre F est considéré
comme tombeau de saint Honorat. Ceia veut-ii dire qu ii a vraiment contenu jadis le corps
dece saint, ou qu'ii occupait une place importante dans la chapeiie dédiée au célèbre évêque?
En tous cas, i'un et l'autre ne parient pas un laug'ag'e beaucoup plus clair que ne faisait ie
précédent. Le nimbe du personnag'e principai (g'ravure F) annonce déjà que nous sommes
aux temps chrétiens, sans contestation possible; et dans tous les deux, on peut reconnaître
Jésus-Ghristentouré de ses apôtres ou cies évang'éiistes. Les bas-reiiefs G (p. 87) piacent à
droite de Notre-Seigmeur un homme qui porte deux poissons dans ie pii de son vêtement.
Serait-ce saintPierre, à qui iefils de Dieu dit en i'appeiant (Matth. IV, 18, sq.) : K Suis-moi, tu
I. Rem, si Ton vouia.it reconnaitreune tombe de sainte /ne//^s rne&VssMr... snr//fe Nude^eme, t. I, p. 574, svv.), ne
MartbeoudesainteMadeleine, danstoutsarcophagerepré- représenteque ia succession inverse des scènes bibiiques
sentantlarésurrectiondeLazare, biendesvülespourraient sculptées sur un sépuIcred'Arles (Cf. Miliin, pl. Lxvi, 8),
se disputer 1a possession de leurs ossements. Ainsi 1e tom- dontj'ai donnémoi-mèmeunereproductionquelconquedans
beacqqui porte 1e nom de sainte Marthe à Tarascon (Mo/ur- les Carnc^ë/Tsffgt/es des SS., p. 741.
MELANGES D'ARCHEOLOGIE.
statuaire qui exécuta ce sarcophag*e. Un abus d'affirmations pousse à quelque excès de
doute, et le répondant a ses droits d'excuse sous prétexte qu'it s'est piqué au jeu. Admettons,
en somme, qn'on nous présentait bien ici des faits empruntés à l'histoire dn Nouveau Tes-
tament. La mission divine de saint Maximin en Provence se trouvera-t-ehe beaucoup mieux
étabtie par ces bas-retiefs? Autant vaudrait nous donner à croire que tout séputcre rappetant
Abraham, Jonas, ou saint Pierre et saint Paul, fut destiné dès t'orig*ine à recevoir les retiques
d'un patriarche, d'un prophète ou d'un apôtreh
Appuyons sur ta non-vateur de ces prétendues preuves, parce que l'on gAte jusqu'à ta
probahitité (quette qu'elte soit) de certains récits pieux et mème respectabies, en voutant les
étayer de démonstrations insubsistantes qui feraient penser que tout cathotique se précipite
avec bonheur dans la croyance des faits les moins établis. Patriotisme ou enthousiasme
n'ont que faire au débat de questions historiques; saint Phihppe Néri dont ia piété n'est pas
suspecte, et qui forma le cardinai Baronius, disait qu'un serviteur de Dieu doit faire cas du
bon sens, et ne pas croire aux rêves. Gette sentence est encore utiie à répéter de nos jours,
ahn que l'on ne transforme pas d'emhiée une pieuse croyance en article indubitahie sous
iequei ii faihe courber ia tête avec acquiescement profond.
Les deux sépuicres que je rapproche i'un de i'autre pour ne ienr consacrer que peu de
Hgmes, ont été dessinés dans ia vilie d'Aries; et celui qui porte ia iettre F est considéré
comme tombeau de saint Honorat. Ceia veut-ii dire qu ii a vraiment contenu jadis le corps
dece saint, ou qu'ii occupait une place importante dans la chapeiie dédiée au célèbre évêque?
En tous cas, i'un et l'autre ne parient pas un laug'ag'e beaucoup plus clair que ne faisait ie
précédent. Le nimbe du personnag'e principai (g'ravure F) annonce déjà que nous sommes
aux temps chrétiens, sans contestation possible; et dans tous les deux, on peut reconnaître
Jésus-Ghristentouré de ses apôtres ou cies évang'éiistes. Les bas-reiiefs G (p. 87) piacent à
droite de Notre-Seigmeur un homme qui porte deux poissons dans ie pii de son vêtement.
Serait-ce saintPierre, à qui iefils de Dieu dit en i'appeiant (Matth. IV, 18, sq.) : K Suis-moi, tu
I. Rem, si Ton vouia.it reconnaitreune tombe de sainte /ne//^s rne&VssMr... snr//fe Nude^eme, t. I, p. 574, svv.), ne
MartbeoudesainteMadeleine, danstoutsarcophagerepré- représenteque ia succession inverse des scènes bibiiques
sentantlarésurrectiondeLazare, biendesvülespourraient sculptées sur un sépuIcred'Arles (Cf. Miliin, pl. Lxvi, 8),
se disputer 1a possession de leurs ossements. Ainsi 1e tom- dontj'ai donnémoi-mèmeunereproductionquelconquedans
beacqqui porte 1e nom de sainte Marthe à Tarascon (Mo/ur- les Carnc^ë/Tsffgt/es des SS., p. 741.