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L'ÉGYPTOLOGIE.

ne justifie, que je sache , cette atténuation du sens de ce mot ; en second lieu , il attribue à Dieu
les paroles secrètes, et, pour cela, supprime la conjonction qui lie cette partie de la phrase à
la mention du cœur aimant. Voici au surplus cette version : Le sanctuaire de Dieu défend la plaisan-
terie ; implore-le avec un cœur aimant ; toutes ses paroles sont pleines de mystère ; il est l'auteur de
tes biens, il écoute tes paroles et reçoit tes offrandes.

Celle de M. Brugsch s'écarte bien davantage du texte : Ecoute celui qui te prie humblement , avec
un cœur plein d'amour ; toutes ses paroles serviront à ton honneur ; il soignera bien tes affaires ; il
obéira à ce que tu dis et partagera la douleur avec toi.

Il est vraiment remarquable de rencontrer dans le précepte que nous venons d'étudier la recom-
mandation de la prière courte et secrète. Les Égyptiens sont les premiers inventeurs des longues
litanies , des hymnes sans fin, des prières plusieurs fois répétées. Mais , chez eux comme ailleurs,
à côté du développement exagéré des cérémonies extérieures du culte , il existait une philosophie
religieuse traditionnelle , qui remontait aux plus anciennes époques. On a déjà été frappé de ce
fait, que le papyrus Prisse ne nomme aucun des dieux de l'Egypte, et se sert uniquement et

abstractivement du mot ^ , dieu. Nous avons quelque chose de semblable dans le livre du scribe

Ani, quoique les ordres divins y soient mentionnés. Il n'y arien de commun entre les superfétations
mystiques, mises en usage par la piété devenue superstitieuse et crédule, et la morale religieuse qui
régissait les rapports des hommes entre eux et avec Dieu. Cette morale reposait sur des traditions
qui avaient certainement fait également sentir leur influence chez les Hébreux.

Comme le scribe Ani, l'Ecclésiaste recommande de prier Dieu sans multiplier les paroles1. Le
Livre de Jésus ben Sirach prescrit de même l'adoration fervente ( bono animo \ u 2H+ uepor ).
Dans la parabole du Pharisien et du Publicain , l'Évangile nous donne un commentaire bien
frappant de la maxime égyptienne que nous venons de traduire 3. La ressemblance est encore plus
saisissante dans le récit de l'institution du Pater : « Dans vos prières n'imitez pas les hypocrites
« qui aiment à prier debout dans les synagogues ou aux angles des places publiques, mais entrez
« dans votre chambre, et, la porte fermée, priez Dieu en secret, et Dieu , qui voit dans le
« secret, vous exaucera. Quand vous prierez , ne multipliez pas les paroles, à l'exemple des
« païens qui s'imaginent qu'ils seront exaucés à cause de leur bavardage \ »

Nous rappellerons à ce propos la teneur de la cinquième Maxime , que nous avons longuement
analysée, et qui fait consister la religion et même le culte dans l'élévation de l'âme : Celui qui élève
ses esprits , il y a chant, prostration et encensement dans tous ses actes, adoration acceptable dans
tout ce qui le concerne. Cette Maxime a la même portée que la onzième. Aux analogies bibliques
que nous avons citées il convient d'ajouter les suivantes :

« Qui observe la loi, multiplie les oblations5 ;

« Qui fait miséricorde, offre un sacrifice 6 ;

« S'éloigner de l'injustice , c'est prier7 ;

« Exercer équité et justice vaut mieux que sacrifier 8. »

« Chapitre V, v. i.

2 Ecclésiastique , ch. 35, v. 10.

3 St-Luc, ch. 18 , H.

* St-Mathieu , ch. 6, v. 5à8.

5 Ecclésiastique, ch. 35 , V. 1.

6 Ibid., v. 4.

7 Ibid., ch. 5.

8 Proverbes, ch. 21, 3.
 
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