1’Eglise armenienne, par exemple, la veille de l’Epi-
phanie, etait lu un texte de longueur intermediaire,
asavoirJn 1, 1—1746.
1.5. Principaux types de decor des images du Prologue
Dans la majorite des cas, rillustration thematique
des evangiles est placee dans 1’initiale du debut du
livre: L(iber generationis) pour Matthieu; I(nitium
evangelu) pour Marc; Q{uoniam) ou F(uit) pour Lc;
l(n principio) pour Jean. Le deuxieme evangile et le
quatrieme s’ouvrent par la meme lettre I, ce qui
conduit quelquefois au glissement des sujets de l’un
a 1’autre, ou a des contaminations plus ou moins
poussees et plus ou moins pertinentes. Selon l’epoque
concernee, et le genre du livre - livre d’Evangi-
les ou Bibie - ces initiales prennent des formes
differentes. On y retrouve de magnifiques composi-
tions en pleine page a l’epoque carolingienne et au
debut du XIe siecle, tandis que plus tard, dans les
Eyangiles, et habituellement dans les Bibles, 1’espace
pour la lettre initiale est prevu dans la page de
texte. Plus l’oeuvre est ambitieuse, plus 1’espace
reserve est important. Le portrait de l’evangeliste
peut egalement servir de cadre a 1’iconographie il-
lustrant le debut de son texte. Plus rarement, no-
tamment dans les manuscrits ottoniens, dans ceux
de la fin du Moyen Age et dans quelques cas au
XVIe siecle, une pleine page est accordee a cette il-
lustration.
Au total, les illustrations du Prologue se rencon-
trent dans quatre “lieux privilegies”: 1) dans des
pleines pages independantes consacrees a ce sujet
(Hildesheim 18, Bamberg 94, etc.); 2) dans des por-
traits a pleine page de l’evangeliste47, ou 1’illustra-
tion du Prologue peut etre logee soit dans 1’encadre-
ment (Uta, Grimbald, etc.), soit dans le champ
meme de la page peinte (Bibie d’Arnsteiri)^, soit
encore dans la lunette de 1’arcade qui abrite le por-
trait (Miinich, BSB, Clm 4454); 3) dans des pleines
pages consacrees a 1’initiale du texte, 1’illustration du
76 S. Der Nersessian, Miniaturę Painting in the Armen-
ian Kingdom of Cilicia from the Twelfth to the Fourteenth
Century, Washington (“Dumbarton Oaks Studies”, XXXI), t.
1, 1993, p. 108, a propos du lectionnaire Erevan, Matedanaran
979, f. 10, ou cette lecture est illustree par un Arbre de Jesse
qui fait apparaitre le Christ comme fils d’Abraham, flis de Da-
vid et Fils de Dieu.
47 On parle communement de “portraits d’evangelistes” bien
qu’ił n’y soit evidemment pas question d’une quelconque res-
semblance. L’usage de peindre un portrait d’auteur, en tete de
son ouvrage, remonte a l’Antiquite. Le christianisme l’a adopte
pour les auteurs bibliques; voir A. M. Jr Fr i e n d, “The portraits
of the evangelists in Greek and Latin manuscripts”, t. 1 et 2, Art
Prologue pouyant se loger soit dans le corps meme
de 1’initiale (Paris, BNF ms lat. 8850, Boulogne 14,
Saint-Omer 30), soit autour de lui (Boulogne 11);
4) dans des initiales historiees a la page de texte. Ce
dernier “lieu” est le plus frequent dans notre corpus.
Ce sont aussi ces initiales qui combinent souyent le
portrait de 1’auteur avec des elements iconographi-
ques se referant au texte (Dijon 2).
Selon les epoques, on a privilegie l’un ou l’autre
de ces differents “lieux”. Les pleines pages
independantes sont caracteristiques de l’art ottonien,
et reviennent a la fin du Moyen Age; les portraits a
pleine page avec des encadrements histories se ren-
contrent surtout au XIe siecle; les initiales a pleine
page portant le decor historie sont bien representees
depuis l’epoque carolingienne jusqu’au XIIe siecle.
Rappelons toutefois que, dans la majorite des cas,
l’evangile de Jean s’ouvre, comme les autres livres
bibliques, par une initiale orneeplus ou moins ela-
boree, car les manuscrits a decor historie sont bien
plus rares que les manuscrits a decor ornemental. De
meme les portraits des eyangelistes seuls (qui, en
Occident, sont generalement accompagnes chacun
de son symbole) sont beaucoup plus frequents que
les portraits “surcharges” d’autres elements figura-
tifs. Comme exemple du premier genre, mention-
nons le Codex Aureus d’Echternach conserye a Nu-
remberg. Ces differentes formes de present-ation du
debut de l’evangile de Jean ne tiennent pas a la
specificite du Prologue, mais a 1’histoire generale de
la misę en page du manuscrit medieval49.
2. Le Prologue de Jean dans l’art
DU MANUSCRIT
Apres ces preliminaires, abordons 1’etude icono-
graphique proprement dite du Prologue. Pendant
l’epoque concernee (IXe-XIIIe siecle), on pouvait s’y
attendre, les images suscitees par ce texte, sans etre
tres frequentes, sont assez nombreuses, et si yariees
Studies, V, 1927 et VII, 1929, p. 115-147 et 3-29; C.
Nordenfalk, “Der inspirierte Evangelist’’, WienerJahrhuch
fur Kunstgeschichte, 36, 1983, p. 177—190.
48 Londres, BL, ms Harley 2799, vol. II, f. 185v; vers 1175.
L’identite du personnage tenant des tiges des deux mains, au bas
de la page, est incertaine (J. J. G. Alexander, La Lettre ornee,
Paris, 1979, p. 91 et pl. 26), mais on peut y voir Jesse, d’apres
le geste, ou encore Abraham.
49 Pour la misę au point de cette histoire concernant les
manuscrits enlumines, voir H. Toubert, “La misę en page de
1’illustration”, dans H.-J. Martin et J. Vezin, ed., Misę en
page et misę en texte du livre manuscrit, Paris, 1990, p. 353—
420.
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phanie, etait lu un texte de longueur intermediaire,
asavoirJn 1, 1—1746.
1.5. Principaux types de decor des images du Prologue
Dans la majorite des cas, rillustration thematique
des evangiles est placee dans 1’initiale du debut du
livre: L(iber generationis) pour Matthieu; I(nitium
evangelu) pour Marc; Q{uoniam) ou F(uit) pour Lc;
l(n principio) pour Jean. Le deuxieme evangile et le
quatrieme s’ouvrent par la meme lettre I, ce qui
conduit quelquefois au glissement des sujets de l’un
a 1’autre, ou a des contaminations plus ou moins
poussees et plus ou moins pertinentes. Selon l’epoque
concernee, et le genre du livre - livre d’Evangi-
les ou Bibie - ces initiales prennent des formes
differentes. On y retrouve de magnifiques composi-
tions en pleine page a l’epoque carolingienne et au
debut du XIe siecle, tandis que plus tard, dans les
Eyangiles, et habituellement dans les Bibles, 1’espace
pour la lettre initiale est prevu dans la page de
texte. Plus l’oeuvre est ambitieuse, plus 1’espace
reserve est important. Le portrait de l’evangeliste
peut egalement servir de cadre a 1’iconographie il-
lustrant le debut de son texte. Plus rarement, no-
tamment dans les manuscrits ottoniens, dans ceux
de la fin du Moyen Age et dans quelques cas au
XVIe siecle, une pleine page est accordee a cette il-
lustration.
Au total, les illustrations du Prologue se rencon-
trent dans quatre “lieux privilegies”: 1) dans des
pleines pages independantes consacrees a ce sujet
(Hildesheim 18, Bamberg 94, etc.); 2) dans des por-
traits a pleine page de l’evangeliste47, ou 1’illustra-
tion du Prologue peut etre logee soit dans 1’encadre-
ment (Uta, Grimbald, etc.), soit dans le champ
meme de la page peinte (Bibie d’Arnsteiri)^, soit
encore dans la lunette de 1’arcade qui abrite le por-
trait (Miinich, BSB, Clm 4454); 3) dans des pleines
pages consacrees a 1’initiale du texte, 1’illustration du
76 S. Der Nersessian, Miniaturę Painting in the Armen-
ian Kingdom of Cilicia from the Twelfth to the Fourteenth
Century, Washington (“Dumbarton Oaks Studies”, XXXI), t.
1, 1993, p. 108, a propos du lectionnaire Erevan, Matedanaran
979, f. 10, ou cette lecture est illustree par un Arbre de Jesse
qui fait apparaitre le Christ comme fils d’Abraham, flis de Da-
vid et Fils de Dieu.
47 On parle communement de “portraits d’evangelistes” bien
qu’ił n’y soit evidemment pas question d’une quelconque res-
semblance. L’usage de peindre un portrait d’auteur, en tete de
son ouvrage, remonte a l’Antiquite. Le christianisme l’a adopte
pour les auteurs bibliques; voir A. M. Jr Fr i e n d, “The portraits
of the evangelists in Greek and Latin manuscripts”, t. 1 et 2, Art
Prologue pouyant se loger soit dans le corps meme
de 1’initiale (Paris, BNF ms lat. 8850, Boulogne 14,
Saint-Omer 30), soit autour de lui (Boulogne 11);
4) dans des initiales historiees a la page de texte. Ce
dernier “lieu” est le plus frequent dans notre corpus.
Ce sont aussi ces initiales qui combinent souyent le
portrait de 1’auteur avec des elements iconographi-
ques se referant au texte (Dijon 2).
Selon les epoques, on a privilegie l’un ou l’autre
de ces differents “lieux”. Les pleines pages
independantes sont caracteristiques de l’art ottonien,
et reviennent a la fin du Moyen Age; les portraits a
pleine page avec des encadrements histories se ren-
contrent surtout au XIe siecle; les initiales a pleine
page portant le decor historie sont bien representees
depuis l’epoque carolingienne jusqu’au XIIe siecle.
Rappelons toutefois que, dans la majorite des cas,
l’evangile de Jean s’ouvre, comme les autres livres
bibliques, par une initiale orneeplus ou moins ela-
boree, car les manuscrits a decor historie sont bien
plus rares que les manuscrits a decor ornemental. De
meme les portraits des eyangelistes seuls (qui, en
Occident, sont generalement accompagnes chacun
de son symbole) sont beaucoup plus frequents que
les portraits “surcharges” d’autres elements figura-
tifs. Comme exemple du premier genre, mention-
nons le Codex Aureus d’Echternach conserye a Nu-
remberg. Ces differentes formes de present-ation du
debut de l’evangile de Jean ne tiennent pas a la
specificite du Prologue, mais a 1’histoire generale de
la misę en page du manuscrit medieval49.
2. Le Prologue de Jean dans l’art
DU MANUSCRIT
Apres ces preliminaires, abordons 1’etude icono-
graphique proprement dite du Prologue. Pendant
l’epoque concernee (IXe-XIIIe siecle), on pouvait s’y
attendre, les images suscitees par ce texte, sans etre
tres frequentes, sont assez nombreuses, et si yariees
Studies, V, 1927 et VII, 1929, p. 115-147 et 3-29; C.
Nordenfalk, “Der inspirierte Evangelist’’, WienerJahrhuch
fur Kunstgeschichte, 36, 1983, p. 177—190.
48 Londres, BL, ms Harley 2799, vol. II, f. 185v; vers 1175.
L’identite du personnage tenant des tiges des deux mains, au bas
de la page, est incertaine (J. J. G. Alexander, La Lettre ornee,
Paris, 1979, p. 91 et pl. 26), mais on peut y voir Jesse, d’apres
le geste, ou encore Abraham.
49 Pour la misę au point de cette histoire concernant les
manuscrits enlumines, voir H. Toubert, “La misę en page de
1’illustration”, dans H.-J. Martin et J. Vezin, ed., Misę en
page et misę en texte du livre manuscrit, Paris, 1990, p. 353—
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