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PIRANESI.

pour l’édition et disposant de moyens de publicité plus étendus. Il
en fut sans doute ainsi jusqu’au jour où, grâce à sa réputation et à sa
fortune croissantes, il put se passer de leur concours.
Le voisinage de Piranesi et de l’Académie de France resserra des
relations qui s’étaient peut-être déjà formées au cours de la période
précédente. Piranesi avait pu rencontrer dans ses courses, travaillant
non loin de lui, d’après les mêmes vestiges, des architectes et des pein-
tres français. De 1740 à 1750 se manifestent les débuts d’une activité
à laquelle son nom est intimement lié. Les ruines de Rome commen-
cent à fournir aux artistes de tout pays l’occasion d’exprimer incon-
sciemment à leur sujet la personnalité des génies nationaux: chacun
d’eux les étudie en conservant les habitudes de son milieu et de son
siècle, sent leur poésie conformément à l’éducation reçue et à la psycho-
logie de sa race. De même que les prédécesseurs immédiats du Roman-
tisme décoreront un jour le paysage romain, ses arcs de triomphe et
ses tombeaux du faste de leurs amertumes et de leurs déceptions, le Fran-
çais du milieu du dix-huitième siècle passe au milieu de ces spectacles
solennels sans abandonner son goût pour la vie aimable, sa préférence
pour le pittoresque aux dépens du caractère. Dans ses notes de voyage
et dans son carnet de croquis, ce qu’il emporte avant tout, ce sont
des souvenirs français.
Pourtant, si son éducation est très lente, elle se fait. Il s’intéresse
de plus en plus à la page d’histoire écrite sur ces vestiges. Les jeunes
artistes que le roi entretient dans son Académie s’aperçoivent que
derrière la ville des palais et des églises, il y a une cité des ruines
non moins belle, plus émouvante. Ils constatent sur ces décombres
une certaine poésie de la lumière. Ils voient que, dans ce décor, la
vie contemporaine prend du caractère et de la grandeur. Ainsi naît
et se développe une petite école vouée à un genre. L’Académie fut
d’abord, on le sait, à peu près exclusivement un atelier de copies. C’est
par un travail personnel, à côté de leurs obligations de pensionnaires
qui leur deviennent de plus en plus pesantes, c’est sur la prière des
amateurs qui leur assurent ainsi les petits gains défendus dont parle
le règlement de 16661, c’est enfin pour obéir à une vogue toute-puis-
1, « Et comme l’expérience fait connoistre que la pluspart de ceux qui vont à Rome
n’en reviennent pas plus sçavants qu’ils sont allés, ce qui provient de leurs débauches ou
 
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