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VII

DROIT DES TOMBEAUX
La croyance en la survie après la mort ne semble être étrangère à aucun peuple connu
de l’histoire. Pourtant, les formes de l’existence que la piété des hommes suppose à ceux
qui ont passé, diffèrent largement à travers les âges et les lieux. La notion d’âme immatérielle
et immortelle qui s’établit peu à peu dans le monde méditerranéen antique, fut lente à sup-
planter les idées primitives qui liaient le sort du principe survivant à celui du corps dont
il se séparait avec le décès. C’est dans le tombeau, demeure des morts, que les défunts
poursuivent leur existence pendant un certain temps, sinon durant l’éternité. Le premier
soin d’un homme qui espère la vie future est donc de s’assurer une sépulture qui mettra
ses restes à l’abri de la destruction matérielle. C’est aussi le premier devoir des survivants
que d’ensevelir le mort, d’accomplir les rites prévus par la coutume, et surtout, de ne pas
troubler la paix de la tombe. Devoir moral sans doute, mais aussi nécessité, vu les consé-
quences néfastes de la vengeance du revenant qui poursuivra d’outre-tombe les coupables
de négligence ou de violation de sépulture. Ces notions-là caractérisent les étapes primi-
tives de la pensée religieuse de l’antiquité. Elles s’estompent et, sans jamais disparaître
complètement de la foi populaire, cèdent la place à celles qui supposent une existence
dans l’au-delà lointain, libre des liens qu’impose la matière. Mais les traditions ont une
vie plus longue que les idées dont elles sont nées. La tombe reste sainte, pas tellement,
ou pas seulement, parce qu’elle abrite le corps dont la destruction n’est plus redoutable,
mais parce qu’elle perpétue le souvenir du mort, et c’est précisément dans la mémoire de
la postérité qu’il trouvera la survie. Du terrible anonymat des ombres rien ne le sauvera
quand son aspect, ses actions, et jusqu’à son nom seront oubliés. C’est pourquoi on s’efforce
de bâtir des monuments qui soient pérennes, on donne tant de soin aux inscriptions funé-
raires, on immortalise les traits du défunt par son portrait.
On a vu ci-dessus ce que ces croyances avaient de particulier parmi les peuples sémi-
tiques. Leur plus ancien monument funéraire était une pierre dressée, regardée d’abord
comme la demeure de l’âme du défunt, et puis comme son mémorial. On a aussi parcouru
la voie menant de cette pierre aux somptueux mausolées et d’autre part aux images sculp-
tées. C’est toujours au nom de nefes, c’est-à-dire « âme », « personne », que répondent ces
monuments multiformes, en confirmant ainsi leur homogénéité foncière.
Il y avait donc de très fortes raisons, en Syrie comme ailleurs, pour protéger la tombe
contre toute atteinte à son intégrité, atteinte qui troublerait le repos du mort et pourrait
effacer son souvenir devant les générations futures.
 
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