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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0085

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

cernent du xn» siècle, le constructeur de l’église Saint-Étienne y
négligeait d’étayer suffisamment sa nef centrale et la voûte ne tardait
pas à s’en effondrer. Même aventure accable, sous Philippe le Hardi,
le maître de l’œuvre de la cathédrale. Ce grand téméraire, d’autant
de science que de déraison, ose appareiller une voûte, sur des piles
minces, espacées follement, à quarante-sept mètres de hauteur.
En 1270, sa conception est réalisée. En 1282, son œuvre est par terre.
M. Gonse tombe d’accord avec Viollet-le-Duc que les calculs de con-
struction étaient d’un habile homme, mais que l’emploi de mauvais
matériaux a trahi son effort. Il ne s’en est pas moins grisé du prin-
cipe ogival au point de perdre la tête. Sa fameuse voûte, réédifiée et
mieux appuyée sur un doublement de piles, tient encore, mais il est
bon de rappeler son exemple en toute occasion. Le plus curieux, c’est
que, trois siècles après, à la croisée du transsept de cette même
basilique, un autre architecte, appelé Jean Yast, non moins incon-
séquent, fera monter un beffroi à 153 mètres. Un jour de printemps
de l’an de malheur 1573, la tour s’affaisse avec fracas. Beauvais,
qui fut témoin des premières manifestations de l’art nouveau, nous
montre ainsi, toujours, l’abus à côté du progrès.

En conclusion, le siècle de saint Louis s’éteint dans l’orgueil des
surélévations et dans l’ivresse des combinaisons translucides et déco-
ratives. Sa jeunesse nous avait donné ces deux sœurs solennelles :
les nefs de Paris et de Chartres. Sa maturité nous a valu le prestige
de Reims et le prodige d’Amiens, sans compter cette châsse de pierre
quasi ciselée de main d’orfèvre qu’on nomme la Sainte-Chapelle de
Saint Louis. A son déclin, le goût de la minutie s’unit, en lui, au
goût de l’audace : il fait marcher l’art de bâtir dans les voies de la
ferronnerie, de la joaillerie, de la sculpture sur ivoire et sur bois.
Des germes de décadence sont visibles en son apogée. Mais qu’on ne
s’y trompe pas : l’architecture ecclésiastique est seule en cause. Nous
touchons à une époque où les besoins du culte ont reçu toute satis-
faction; les formes et les divisions des églises, rigoureusement fixées,
ne permettent plus aux architectes de poursuivre l’originalité en de-
hors des subtilités de la technique. En outre, la prédominance du style
somptuaire répond à des conditions sociales, graduellement survenues
et qui vont se généraliser au profit de l’architecture civile. Mais ici
les points de vue changent; de nouveaux horizons s’offrent pleins de
choses, de faits et d’idées.

L. DE FOURCAUD.

La fin prochainement.)
 
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