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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0109

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LES SARCOPHAGES DE SIDON.

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en 1889; la décoration intérieure, qui est de style grec, n’a été ter-
minée qu’en 1891. L’édifice a 64 mètres de façade; on y accède par
un escalier et un portique à colonnes. Le rez-de-chaussée se compose
de deux grandes salles contiguës, où le jour pénètre largement par
quatre côtés. C’est là que les sarcophages, délivrés de leurs gaines
de bois, guéris de leurs blessures et posés sur des socles de granit
bien isolés les uns des autres, sont désormais accessibles à tous les
regards. Leur nombre a été grossi en 1888 de cinq nouvelles recrues,
découvertes dans le voisinage du premier hypogée, et que Hamdy
Bey est allé lui-même chercher à Sidon.

Je manquerais à tous mes devoirs si je ne saisissais ici l’occasion,
que je retrouverais difficilement ailleurs, de rendre pleine justice à
l’homme éminent à qui reviennent en si grande partie le succès et
l’honneur de cette campagne archéologique. Son nom, qui n’est
inconnu d’aucun de ceux qui s’intéressent au progrès des études
d’antiquité, mérite d’être retenu avec reconnaissance par le grand
public. Hamdy Bey est certainement l’une des physionomies les plus
intéressantes et les plus originales de l’Orient musulman; ce n’est
pas assez dire qu’il est le plus charmant des hôtes, — celui qui écrit
ces lignes en parle par expérience, — et le plus Parisien des Turcs.
La civilisation européenne n’est pas chez lui un simple vernis super-
ficiel, hâtivement acquiâ et plus vite dépouillé, comme cela se ren-
contre trop fréquemment; il a su s’en imprégner complètement, sans
cesser pour cela (et qui lui en ferait un reproche?) d’être bon musul-
man et Turc patriote.

Fils d’un des hommes d’Etat les plus respectés de la Turquie,
l’ancien grand vizir Edhem Pacha, Hamdy a passé à Paris quinze
ans de sa jeunesse, fréquentant le monde, les ateliers et les musées.
Il y acquit, avec une connaissance parfaite de notre langue et de nos
mœurs, un talent de peintre dont les Parisiens, s’ils l’ont oublié,
pourront, je l’espère, refaire la connaissance au prochain Salon. Je
ne connais que par ouï-dire ses portraits officiels, mais ce que je puis
affirmer de visu, c’est que ses tableaux de genre, ses scènes d’inté-
rieur, ses vues de mosquées et de turbés, révèlent une rare prestesse
de main, un don d’observation très juste, un sentiment personnel du
pittoresque et de la lumière : ce n’est pas ici l’Orient flamboyant de
nos romantiques, ni l’Orient par trop spirituel de Gérôme; c’est la
Turquie de 1892 prise sur le vif, croquée de verve, dans son mélange
déconcertant d’ancien et de moderne, d’Asie et d’Europe, d’oripeaux
nationaux et de complets de la Belle Jardinière, de féridjés pudiques et
 
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