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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Boutroue, Alexandre: Le Triptyque émaillé de la Bibliothèque d'Évora (Portugal)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0171

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LE TRIPTYQUE ÉMAILLÉ D’ÉVOHA.

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allemande, ainsi que les artistes limousins avaient l’habitude de le
faire au xve et au début du xvie siècle. C’est ce qu’a rappelé très
justement M. Emile Molinier à la page 266 de son Traité de l'émail-
lerie : « Les émailleurs Limousins n’ont point tiré de leur imagi-
nation les compositions qu’ils ont traduites en émail. Au xve et
dans le premier quart du xvie siècle, ce sont les estampes flamandes
ou franco-flamandes, plus rarement allemandes, qui leur ont servi
de patrons. »

La monture qui cache le dessous de la plaque de cuivre ne permet
pas de savoir s'il existe une signature ou un poinçon qui, du reste,
doivent être cachés par un contre-émail; mais il suffit de comparer
cet émail avec ceux du Musée du Louvre, du Musée de Cluny et de
la collection Spitzer, pour reconnaître qu’il est sorti des ateliers des
Pénicaud, et on ne peut hésiter qu’entre Nardon Pénicaud, le plus
ancien des peintres émailleurs de Limoges, dont nous possédons au
Musée de Cluny une si belle œuvre datée de 1503, et Jean Ier Pénicaud,
frère ou neveu de Nardon. Ceux qui sont venus après eux ont repro-
duit des œuvres qui ont un caractère moins archaïque que celle qui
nous occupe.

D’après M. Molinier, ce qui distingue les œuvres de Jean Ier
Pénicaud de celles de Nardon, c’est l’emploi presque immodéré du
paillon, consistant dans des feuilles d’argent mises sous l’émail inco-
lore qui sert de support aux émaux colorés, et servant à rehausser
l’éclat des vêtements, et surtout celui des fonds et du ciel semé
d’étoiles d’or.

Or, les fonds du panneau central et de trois des sujets latéraux
du triptyque d’Évora sont formés par des paillons analogues à ceux
qu’on rencontre sur les émaux de Jean Ier Pénicaud qui font partie de
la collection Spitzer : aussi, je pense que c’est à ce maître qu’on doit
attribuer cet émail. C’est au reste l’opinion que M. Molinier a bien
voulu m’exprimer lorsque je lui ai montré les photographies de
l’objet. Ces photographies laissent apparaître les défauts et les mala-
dresses du dessin, mais ce qu’elles ne peuvent rendre, c’est l’éclat et
l’harmonie des couleurs, aussi brillantes aujourd’hui qu’il y a près
de quatre siècles, et qui font de cet émail un des chefs-d’œuvre
sortis des ateliers de Limoges, et je crois avoir le droit d’ajouter un
des chefs-d’œuvre de la Renaissance française.

Remarquons, en outre, que ses dimensions sont supérieures à
celles de tous les émaux des Pénicaud conservés au Louvre, au
Musée de Cluny et dans la collection Spitzer. Le n° 3 de cette der-
 
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