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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Phillips, Claude: Exposition d'hiver de la Royal Academy: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0177

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CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

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rique d’un peintre vénitien quelconque de troisième ordre ! Dans la Flore (à
M. L. Mond) de Palina Vecchio, il n’y a de bien conservé que la poitrine à moitié
nue et les beaux atours de l’opulente Vénitienne, mais là on reconnaît encore dans
sa perfection la troisième manière du maître, appelée la manière blonde.

Mais voici groupées ensemble trois toiles du Tintoret : d’abord une grande
composition décorative, Apollon et Marsyas, plutôt largement esquissée que
véritablement terminée, et deux magnifiques portraits de sénateurs anonymes,
qui, prêtés par le duc d’Abercorn, font à Burlington-IIouse leur première appari-
tion. Ils sont peints avec une force et un coup de brosse frisant la brutalité,
mais aussi avec un feu, une certitude qui appartiennent en propre au Furioso
dans ses beaux jours. Cela n’a ni l’élégance aristocratique du Titien, ni la profonde
intuition du vieux Jean Bellin, mais cela est pourtant d’un peintre unique dans
son genre.

Parmi les primitifs flamands, hollandais et allemands, qui ne sont pas cette
année en grand nombre, on remarque tout d'abord une très grande Adoration des
Mages de Lucas de Leyde, provenant de Buckingham Palace et comptant parmi les
rares peintures authenliques du maître graveur hollandais. Il faut convenir cepen-
dant que le vaste panneau est, exception faite de quelques belles têtes d’hommes,
d’une laideur repoussante qui n’est pas suffisamment rachetée par le sentiment
religieux. Sans parler du chef-d’œuvre de Mabuse à Castle-IIoward, il y a à Dresde,
à Naples, à Gênes, des Adorations du peintre qu’on appelle provisoirement le
Maître de la Mort de Marie d’un mérite infiniment supérieur à celle dont il s’agit.

Un incontestable et admirable Dierick Bouts est le petit panneau qui a pour
sujet Y Éternel apparaissant à Moïse dans le buisson ardent. Une très belle page
de Part primitif flamand est encore un Intérieur d'église, montrant un prêtre qui
dit la messe au maître-autel splendidement orné d’une cathédrale. Le catalogue
donne, sans raison apparente, cette peinture pleine de lumière et d’une couleur
riche et chaude à Jean van Eyck, malgré qu’elle soit évidemment d’un peintre de
la fin du xve siècle. Une véritable merveille est, dans ce même panneau, le rendu
d’un devant d’autel de style byzantin, en or richement travaillé et orné d’une
profusion d’émaux cloisonnés.

L’art flamand du xvne siècle compte aussi quelques toiles importantes dans
l’exposition. À vrai dire je ne sais où placer deux énormes portraits en pied, la
Marchesa lsabella Grimaldi et la Marchesa Maria Grimaldi avec un nain (à
M. Ralph Bankes), attribués tout bonnement à Rubens, mais ne rappelant en rien
sa maîtrise suprême, quoique la première de ces toiles porte l’inscription étrange
et évidemment apocryphe « Petrus Paulus Rubens pinxit atque singulari devotione
1606 ». On songe d’abord àSustermans, mais ce n’est que pour rejeter cette attribu-
tion peu soutenable. J’ai pensé ensuite à ce Honthorst que les Italiens appelaient
« Gherardo délia Notte », mais ce n’est là qu’une hypothèse un peu hasardée. Bien
à Rubens, ou plutôt à son atelier, est la grande toile décorative Amours encadrés
d’une guirlande de fruits et de fleurs (également à M. Bankes); de plus cette grande
guirlande richement tressée de produits naturels de toute espèce, est un des chefs-
d’œuvre dans ce genre de Snyders, auquel elle est en effet attribuée. Un Van Dyck de
premier ordre est le grand portrait en pied de Henriette de Lorraine, princesse de
Phalsbourg (àlord Iveagh), peint en 1634, c’est-à-dire lors d’un retour momentané
du peintre aux Flandres après le voyage définitif d’Angleterre. La figure de cette
vu. — 3e période. 21
 
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