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GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
de l’eau-forte. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que cette conscience
d’artiste nous inspire le plus profond respect.
Mais, en dehors de ses œuvres et de son enseignement, il ne se
défendait pas d’admirer les beaux résultats que les aquafortistes de
notre temps ont obtenus des procédés dédaignés par lui. La gravure
mécanique même lui semblait acceptable dans certains cas, et c’est
ainsi qu’il consentit de patronner et de surveiller, avec M. le comte
Henri Delaborde, qui a parlé du maître avec tant d’autorité dans ses
Mélanges sur l'art contemporain, la gravure par le procédé Collas du
Trésor de numismatique et de glyptique.
Professeur à l’École des Beaux-Arts depuis 1863, Henriquel a
formé la plupart des burinistes distingués de notre temps, et beaucoup
de nos meilleurs aquafortistes ont suivi son enseignement; il suffit
de nommer Aristide Louis, les deux François, Levasseur, Didier,
Rousseaux, Huot, Achille Jacquet, Waltner...
II. n’est pas inutile de rappeler que la Société française de gravure
fut fondée, en 1868, par lui, avec le concours de M. Galichon.
Henriquel avait pour but, en fondant cette société, de fournir
aux graveurs français le moyen de donner des preuves de leur talent.
Abandonnés presque complètement par les éditeurs, ils auraient
couru le risque de ne plus pouvoir exercer leur art, sans cette société
qui a distribué aux artistes, depuis sa fondation, près de 700,000 francs
et qui a actuellement publié 71 planches dues aux graveurs les plus
expérimentés. Henriquel a publié dans la Société Les Cinq Saints,
d’après le dessin de Raphaël exposé au Musée du Louvre, La Vierge
d'Orléans, d’après la peinture de Raphaël, possédée par M. le duc
d’Aumale, et le Portrait de Molière également de la galerie de Chantilly.
Jusqu’à son dernier jour Henriquel s’occupa avec activité de
cette Société. Avec le comité qu’il s’était adjoint il cherchait toutes les
occasions de faciliter les débuts des jeunes artistes et il ne laissait
partir pour Rome aucun pensionnaire graveur sans lui remettre
quelques épreuves des planches publiées par la Société pour lui servir
de guide dans ses travaux. A leur retour il s’empressait de leur
commander une planche pour les mettre à même de montrer le
profit qu’ils avaient tiré de leur séjour à la villa Médicis.
Des honneurs exceptionnels ont été la récompense de la glorieuse
et longue carrière d’Henriquel. Membre de l’Institut depuis 1849, en
remplacement de Richomme, il obtint à l’Exposition universelle
de 1855 la grande médaille d’honneur et, en 1878, il fut promu à la
dignité de commandeur de la Légion d’honneur.
GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
de l’eau-forte. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que cette conscience
d’artiste nous inspire le plus profond respect.
Mais, en dehors de ses œuvres et de son enseignement, il ne se
défendait pas d’admirer les beaux résultats que les aquafortistes de
notre temps ont obtenus des procédés dédaignés par lui. La gravure
mécanique même lui semblait acceptable dans certains cas, et c’est
ainsi qu’il consentit de patronner et de surveiller, avec M. le comte
Henri Delaborde, qui a parlé du maître avec tant d’autorité dans ses
Mélanges sur l'art contemporain, la gravure par le procédé Collas du
Trésor de numismatique et de glyptique.
Professeur à l’École des Beaux-Arts depuis 1863, Henriquel a
formé la plupart des burinistes distingués de notre temps, et beaucoup
de nos meilleurs aquafortistes ont suivi son enseignement; il suffit
de nommer Aristide Louis, les deux François, Levasseur, Didier,
Rousseaux, Huot, Achille Jacquet, Waltner...
II. n’est pas inutile de rappeler que la Société française de gravure
fut fondée, en 1868, par lui, avec le concours de M. Galichon.
Henriquel avait pour but, en fondant cette société, de fournir
aux graveurs français le moyen de donner des preuves de leur talent.
Abandonnés presque complètement par les éditeurs, ils auraient
couru le risque de ne plus pouvoir exercer leur art, sans cette société
qui a distribué aux artistes, depuis sa fondation, près de 700,000 francs
et qui a actuellement publié 71 planches dues aux graveurs les plus
expérimentés. Henriquel a publié dans la Société Les Cinq Saints,
d’après le dessin de Raphaël exposé au Musée du Louvre, La Vierge
d'Orléans, d’après la peinture de Raphaël, possédée par M. le duc
d’Aumale, et le Portrait de Molière également de la galerie de Chantilly.
Jusqu’à son dernier jour Henriquel s’occupa avec activité de
cette Société. Avec le comité qu’il s’était adjoint il cherchait toutes les
occasions de faciliter les débuts des jeunes artistes et il ne laissait
partir pour Rome aucun pensionnaire graveur sans lui remettre
quelques épreuves des planches publiées par la Société pour lui servir
de guide dans ses travaux. A leur retour il s’empressait de leur
commander une planche pour les mettre à même de montrer le
profit qu’ils avaient tiré de leur séjour à la villa Médicis.
Des honneurs exceptionnels ont été la récompense de la glorieuse
et longue carrière d’Henriquel. Membre de l’Institut depuis 1849, en
remplacement de Richomme, il obtint à l’Exposition universelle
de 1855 la grande médaille d’honneur et, en 1878, il fut promu à la
dignité de commandeur de la Légion d’honneur.