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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le comte de Nieuwerkerke
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0300

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LE COMTE DE NIEUWERKERKE.

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comte de Nieuwerkerke n’avait pas manqué d’éveiller autour de lui
nombre d’envieux, voire des ennemis, à lui si peu haïsseur de nature,
Aussi la seconde moitié de sa carrière administrative ne fut-elle
dépourvue ni de tribulations injustes, ni même d’amers dégoûts.
A chaque ébranlement que l’on tentait contre son homme du Louvre,
l’empereur le raffermissait et l’exhaussait par une dignité nouvelle :
après les tortueuses manigances du Musée Campana, il en faisait,
en 1863, un surintendant des Beaux-Arts; après l’effroyable bour-
rasque de la réforme de l’Ecole des Beaux-Arts, il en faisait,
en 1864, un sénateur. Ce fut la plus périlleuse affaire de Nieu-
werkerke que celle de cette réforme, et tout autre que lui y aurait
sombré. Figurez-vous, contre ce confrère de dix ans, tout l’Institut
violemment, passionnément soulevé, car il se sentait atteint dans ses
privilèges traditionnels, dans ce qu’il tenait pour les plus précieuses
de ses attributions, dans son plein pouvoir sur l’Ecole. La surinten-
dance réclamait, pour l’administration, la nomination du direc-
teur et des professeurs, ouvrait des ateliers et des cours gratuits,
modifiait le jury spécial pour les concurrents aux prix de
Rome, en en confiant la formation à la voie du sort sur une liste
dressée par un conseil supérieur d’enseignement, réduisait à 25 ans
la limite d’âge des concurrents et à quatre années la pension des
lauréats, deux années à Rome, deux années en voyages; enfin révo-
lution complète. Certaines maladresses commises au détriment des
élèves architectes, par les rédacteurs du projet, ameutèrent et reje-
tèrent dans le parti de l’Institut, le plus gros, et non le moins tapa-
geur, de la jeunesse de l’École et même des écoles ; le désordre et les
huées s’en mêlèrent et gagnèrent la rue; il plut des brochures et les
polémiques les plus violentes remplirent tous les journaux. L’Aca-
démie en corps avait naturellement protesté par un long mémoire
à l’empereur de son secrétaire perpétuel Beulé, puis M. Ingres par
une brochure célèbre, et Léon Cogniet par une lettre rendue publique,
et M. Vitet s’en prenait à Yiollet-le-Duc dans la Revue des Deux-
Mondes. La presse, heureusement pour Nieuwerkerke, le soutint
ferme : Ferdinand de Lasteyrie et Sainte Beuve, Ch. Giraud et P. de
Saint-Victor, Le Constitutionnel, Le Temps, L'Indépendance Belge, La
Patrie, L'Opinion nationale, tous se jetèrent dans la mêlée, et il n’y
eut pas jusqu’à Rochefort qui ne tint à dire son mot dans le Nain
Jaune du 3 février. Le pauvre maréchal Vaillant était fort embar-
rassé, car il ne pouvait reculer, poussé qu’il était par les deux vrais
coupables du complot, Viollet-le-Duc et Mérimée, trop bien en cour
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