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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 4
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0317

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290

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

du double chiton hellénique, agrafé sur l’épaule droite, dont l’étoffe
moelleuse laisse nettement discerner les formes à la fois élégantes
et vigoureuses du corps; aucun détail ne rappelle le costume
asiatique ou scythique, que les peintres de vases à figures rouges ont
presque toujours prêté aux Amazones, mais qui convenait évidem-
ment moins à la statuaire qu’à la peinture. Au-dessous du casque,
qui est de modèle attique et sans garde-joues, se montrent des
boucles de cheveux disposées avec une certaine sécheresse : c’est là
un caractère des sculptures archaïques et un souvenir du procédé
consistant à figurer les boucles de cheveux par des spirales et des
enroulements de bronze. L’Amazone a été mortellement frappée au
sein gauche, où l’on aperçoit la trace d’une blessure; elle est au
moment d’expirer et déjà ses paupières se ferment doucement aux
approches de la mort. Ses traits réguliers, un peu durs dans leur
noblesse classique, n’expriment cependant ni la douleur ni la colère,
mais l’exhalaison presque subite de la vie. Que nous sommes loin
encore de ces géants sculptés sur le grand autel de Pergame, ou du
Laocoon, ou de la tête dite d’Alexandre mourant! Ici, le pathétique
n’est pas obtenu au prix de contorsions pénibles, la mort prochaine
n’altère en rien la beauté et l’Amazone de Vienne fait songer aux
vers d’Euripide, qui compare Polyxène expirante à une statue

Un rapprochement heureux, fait en 1865 par M. Schoene, a paru
fournir la preuve que le beau fragment qui nous occupe faisait
partie d’un groupe : Penthésilée mourante soutenue par Achille, que
la beauté de son ennemie vaincue a séduit. En décrivant le trône du
Jupiter de Phidias à Olympie, Pausanias signale, parmi les pein-
tures de Panaenos qui le décorent, « Penthésilée rendant l’âme et
soutenue par Achille »3. Ce sujet est gravé sur un scarabée de style
archaïque qui se trouvait, en 1865, dans la collection Pulsky à
Florence et qui a passé depuis au Musée Britannique3. L’Amazone
de Vienne se prête facilement à une restitution qui la ferait figurer
dans un groupe analogue, et l’on a cru même observer, sur la cuisse
droite de la statue, un fragment de marbre provenant d’un autre
personnage. Cet indice n’est cependant pas assez concluant pour
transformer l’hypothèse de M. Schoene en certitude. Rien n’oblige
d’ailleurs à penser que le scarabée de Florence soit une copie du 1 2 3

1. Euripide, Hécube, v. SCO.

2. Pausanias, V, xi, 6.

3. A catalogue of ewjraved gems in the Brilish Muséum, Londres, 1888,
n° 281, pl. D.
 
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