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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Bénédite, Léonce: Le musée des artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0448

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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tation, dépouillée plus tard peut-être des qualités éphémères que lui
avait données la nouveauté, ou examinée la seconde fois dix ans
après, en dehors de toute considération d’actualité, est jugée à ce
moment trop médiocre pour mériter les honneurs du placement, qui
dégagera les conservateurs à venir de l’obligation contractée par
leurs devanciers?

Ce délai de dix ans a été établi prudemment par des esprits qui
savaient combien est délicate la critique des oeuvres contemporaines.
C’est que ces oeuvres nous séduisent, en effet, par certains aspects
de nouveauté, comme elles nous surprennent quelquefois, par contre,
par des hardiesses inattendues. On a compris combien il était difficile
de se dégager tout à fait dans cet examen du mouvement de la vie à
laquelle nous sommes mêlés, de se soustraire à certaines influences
du jour, sans parler des sentiments personnels de préférence ou
d’éloignement que peuvent inspirer non seulement les œuvres mais
les artistes eux-mêmes. Ce délai de dix ans a donc été imposé pour
surseoir non à l’exposition, mais à l'examen lui-même; il a été
établi pour laisser au temps le soin de mûrir les jugements, pour
ôter dans une acceptation qui confère un honneur suprême tout ce
qu’il peut y avoir de passager dans l’opinion, pour éviter toute com-
promission avec la mode, pour mettre à l’abri les conservateurs de
toute pression du dehors.

Voilà la véritable tradition des Musées nationaux. Toute œuvre
soumise au comité consultatif du vivant de son auteur ou dans un
délai moindre de dix ans depuis son décès, ne peut être acceptée
momentanément que pour le Musée du Luxembourg. C’ést là qu’elle
attendra le jour où elle pourra être appelée au Louvre.

Il nous reste un mot à dire sur la façon dont la Conservation a
compris jusqu'ici la mission qui lui est confiée.

Les entrées au Luxembourg, nous le disions au début de cet
article, sont désignées par le ministre après avis du comité consul-
tatif des Musées nationaux, véritable conseil supérieur des Musées
auquel sont soumises toutes les propositions d’entrée dans les collec-
tions nationales.

Quant au triage qui est opéré au Luxembourg pour marquer les
œuvres à la sortie du « Purgatoire », s’il est exécuté par l’Adminis-
tration, il est, en somme, préparé par le public. C’est là que bien des
ouvrages, dont les coquetteries séductrices avaient fait ouvrir à deux
battants les portes sacrées, ont dépouillé dans le recueillement du
 
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