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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 5
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Gayet, Albert: La sculpture copte, 1: des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0474

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’y reconnaître l’un des oiseaux en qui s’incarnait la vie de l’àme,
le kliou ou le rekhi; et si vivace est encore l’horreur que le poisson lui
inspire, qu’il s’abstient le plus qu’il peut de représenter le Christ
sous cette forme, et écrit de préférence le monogramme divin.

Une curieuse stèle conservée au Musée du Caire tend même à
prouver que, pendant un certain temps, les scènes servant à inter-
préter le dogme chrétien furent identiques aux scènes qui, jusqu’alors,
avaient servi à interpréter le dogme antique. Sur le haut du monu-
ment, s’étend le ciel hiératique au-dessus duquel plane un oiseau,
une colombe sans doute, dont la partie supérieure du corps a disparu.
Seules, les pattes et les ailes sont actuellement visibles, mais ces
ailes ont de longues pennes et ces pattes des serres immenses, selon
le style de l’oiseau égyptien. Sur le champ de la stèle, la Vierge est
représentée assise, allaitant l’enfant Dieu, ainsi qu’autrefois on avait
coutume de représenter Isis, pendant que devant elle un personnage
se tient debout, une branche de palmier à la main. Dans les espaces
restés vides, des colonnes sont ménagées qui semblent attendre une
inscription encore absente. Rien ne manque à cette scène pour la
rattacher à l’ancienne manière : que pouvait-elle signifier? Quel
sens mythique se cachait derrière cette représentation figée d’un
style disparu? Peut-être quelque roman nous l’apprendra-t-il un jour;
mais, à lui seul, ce monument suffit à établir qu’il fut un temps où
l’idée copte avait fait rentrer le christianisme dans l’orbite de ses
conceptions religieuses et l’avait converti à la religion du passé.

D’autres représentations sont nombreuses, où, dans un mélange
étonnant, les symboles des deux religions, comme à plaisir, se
confondent et s’ajoutent les uns aux autres : scarabées, croix,
figures d’anges, figures osiriennes, Apis et bêtes de l'Apocalypse,
alternent régulièrement sur le même monument; ou bien encore,
l’image de l’âme s’envolant au ciel sera représentée planant au-dessus
du ciel hiératique; une croix ansée surmontera le tout, flanquée de
l'alpha et de l’oméga et, par surcroit de précaution, encadrée de deux
croix grecques. N’avait-il pas suffi au dernier système philosophique
venu, comme au dernier pharaon arrivé au trône, d’inscrire son
nom sur tout ce qui l’avait précédé pour le proclamer sien? Pourquoi
donc alors n’aurait-il pas suffi de placer le signe de la religion nou-
velle sur un monument quelconque pour le proclamer chrétien?
C’était là une question de forme, et la forme une fois remplie, le
Copte s’endormait la conscience tranquille, pour cette excellente
raison qu’il était incapable de comprendre la pensée de quoi que ce
 
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