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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 6
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0513

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

bien sentimental, mais le fait ne souffre pas de doute. Quelquefois
l’imitation est poussée très loin : ainsi la statue principale de Vlseurn
de Pompéi a les jambes jointes, l’un des bras collé au corps et les
formes moulées par un vêtement presque sans pli. Dans la statue
qui nous occupe, les souvenirs de l’art égyptien sont plus que tem-
pérés par la tradition hellénique : cette dernière domine, au grand
profit de l’art et du goût. Le vêtement, caractérisé par un manteau
à franges noué sur la poitrine, est en marbre noir, les parties nues
en marbre blanc, suivant une mode qui parait remonter au temps
des Ptolémées, mais qui nous est exclusivement connue par des mo-
numents romains. Un personnage d’Apulée, décrivant la déesse Isis
qui lui apparut en songe ', signale le noir éclatant de son manteau,
palla nigerrima, splendem atro nilore. L’écrivain romain, en écrivant
cette phrase, avait certainement dans l’esprit, sinon sous les yeux,
une statue d’Isis dont la tunique était en marbre noir. Un restaurateur
moderne a ajouté le disque sur la tête et les bras qui tiennent, sui-
vant la tradition, un vase renfermant de l’eau du Nil et la poignée
d’un sistre. Le travail est correct, mais glabre; on sent la main d’un
copiste répétant, non sans ennui, un type auquel son invention
personnelle n’a rien ajouté. A ce titre, l’Isis de Vienne mérite
d’être placée à côté d’une Muse de la même galerie, restaurée à tort
en Euterpe, qui fut acquise en 1806 du prince Poniatowski, au prix
de 4,500 florins 3 ; œuvre estimable, mais sans vie, qui peut servir
d’ornement à une collection, sans que l’histoire de l’art éprouve le
besoin de s’y arrêter.

D’une toute autre importance est un sphinx en marbre, pourvu
de quatre têtes féminines, qui sont évidemment des portraits,
sculpture grecque, ou plutôt gréco-romaine, découverte en Egypte
et très remarquable par l’originalité bizarre du motif. Mais nous
avons hâte d’arriver à deux bas-reliefs gréco-égyptiens, qui, long-
temps considérés comme des œuvres de la Renaissance, ont pris place
depuis quelques années, grâce à un excellent mémoire de M. Th.
Schreiber3, parmi les monuments les plus illustres de l’art alexan-
drin. On ne sait rien touchant leur provenance; de Venise, où ils
dormaient oubliés dans le palais Grimani, ils passèrent en 1883 entre
les mains du prince régnant de Liechtenstein qui les a cédés depuis

t. Apulée, Métamorphoses, chap. ix.

2. Sacken, Die antiken Sculpturen, pl. VU.

3. Schreiber, Die Wiener Brunnenreliefs ans Palazzo Grimani, Leipzig, 1888,
avec 2 planches.
 
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