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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 1
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Gonse, Louis: Rembrandt d'après un livre nouveau
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0081

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T2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rappelé les chefs-d’œuvre de cette période suprême, le Portrait de
vieille femme du Musée de l’Ermitage, la Leçon d’anatomie du docteur
Deyman du Rijksmuseum, le Portrait du bourgmestre Six de la galerie
Six, le Saint Mathieu, le Portrait de jeune homme et l’Étal de boucher
du Musée du Louvre, le Tholinx de la collection de M. Édouard
André, le Géomètre et la Bénédiction de Jacob du Musée de Cassel,
l’eau-forte du Grand Coppenol, le Portrait de Rembrandt âgé du Louvre
et les Syndics du Musée d’Amsterdam, — nous aurons tout dit. Le
vieux maître pouvait maintenant mourir. Et il mourut envahi par
une. incommensurable tristesse! Son ignorance des affaires, son
insouciance des besoins matériels, ses prodigalités de collectionneur,
l’avaient amené insensiblement à la ruine. En 1656, il était déclaré
en faillite; en 1657-58, sa maison et ses collections étaient vendues
pour une somme dérisoire. Hendrickje et Titus le prenaient en
tutelle et s’associaient pour tirer parti des quelques épaves qui
surnageaient. Un calme passager adoucit un instant sa vie de retraite
et de travail (1661) : c’est l’année des Syndics. Mais de nouvelles
épreuves allaient fondre , sur Rembrandt et assombrir encore ses
dernières années. Il perd sa fidèle Hendrickje, qui meurt peu de
temps après l’achèvement dés Syndics, sa vue s’altère, sa main
tremble. Il trouve un reste de force pour peindre l’éblouissante
Fiancée.juive du. Musée Yan der Hoop et un immortel et ultime chef-
d’œuvre : le Portrait de famille du Musée de Brunswick, la production
la plus extraordinaire, peut-être, qui soit sortie de son pinceau :
martelée, pétrie, généreuse, toute frémissante de vie, obsédante
d’expression, avec des émergences de lumière qu’on n’avait jamais
vues et qu’on ne reverra plus. C’était l’hymne radieux d’une âme
prête à quitter la terre.

Puis Titus lui est enlevé. Accablé par la misère, les infirmités,
farouche, oublié, solitaire, le pauvre grand artiste disparaît à son
tour, le mardi 8 octobre 1669, sans que sa mort ait laissé aucune
trace dans les documents contemporains t

M. Michel étudie, avec une remarquable ampleur de vues, en
terminant, les caractères généraux de l’homme, de son œuvre et de
son génie. Mais la postérité a, depuis longtemps, vengé la mémoire
de Rembrandt. Le beau livre qui vient de paraître achève une réha-
bilitation commencée depuis bientôt un siècle. Rembrandt est le plus
admirable fouilleur de physionomies qu’ait produit l’art de la pein-
ture; il est, avec Yélasquez, le plus grand des peintres de morceaux.
 
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