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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0095

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86

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais aussi le public a le droit d’être exigeant avec elle ; c’est bien le cas de rappeler
que noblesse oblige.

Son morceau de résistance, cette année, est le Paris ignoré de M. Paul Strauss,
le distingué conseiller municipal de la ville de Paris. On croit, de bonne foi, que
Paris est la ville du monde la plus connue, la plus explorée ; c’est, en réalité, la
plus mystérieuse, parce qu’elle est la plus variée et qu’elle se renouvelle sans cesse.
On peut dire qu’il y a, dans l’étude de cette ville étrange, charmante et mons-
trueuse, autant de points de vue qu’il y a d’observateurs différents. Les historiens
et descripteurs de Paris forment une immense bibliothèque et l’on sait que la
Bibliothèque spéciale de la Ville, à l’Hôtel Carnavalet, si vaste, si habilement
dirigée qu’elle soit, ne contient point encore tout ce qui a été écrit sur Paris. Je
crois même qu’il n’y a que M. Jules Cousin, son érudit conservateur, qui se doute
de l'étendue presque infinie de la Bibliographie parisienne.

À cet édifice colossal élevé par les siècles, M. Strauss vient d’ajouter une pierre
qui n’est pas de minces dimensions. Dans le livre qu’il nous présente aujourd’hui,
il s’est proposé comme but de nous faire connaître quelques-uns des organes cachés
de Paris, ses parties obscures, ses territoires inaccessibles. Il existe, en effet,
un grand nombre d’établissements qui demeurent fermés à la curiosité du public
et que celui-ci, cependant, voudrait bien connaître : tels sont les Asiles d’aliénés, les
Prisons, les Refuges de nuit, les Écoles professionnelles, les Hôpitaux, les Hospices;
aucun guide ne le conduit dans les sous-sols des Halles, dans les caves des Entre-
pôts, à l’Usine à gaz, dans les coulisses du Mont-de-Piété, de la Morgue et de la
Fourrière, au Laboratoire municipal, à la Préfecture de police, dans les Casernes,
aux Abattoirs, aux Égouts, aux ateliers des Pompes funèbres, aux Postes, Télé-
graphes et Téléphones, chez les Aveugles, aux Sourds-muets, etc. ; aucun livret ne
lui révèle les dessous administratifs, le fonctionnement des services publics, de
l'Octroi, les mille détails de la toilette de Paris, la navigation de la Seine et les
canaux, l’organisation de la Bourse du travail, le rôle des Mairies et de l’Hôtel de
Ville. Il ne se doute même pas de l’intérêt puissant de ces manifestations multiples
de la vie de Paris, de tout ce qu’elles peuvent donner de sensations neuves et
d’impressions inédites.

A côté du Paris inconnu de Privât d’Anglemont, des petites industries obscures
et louches, qui attend encore son peintre et son historien, à côté du Paris de
plaisir qui sert de raquette à tant de livres, de journaux et de revues, à côté du
Paris pittoresque, artistique et monumental, il y a un Paris grave, laborieux,
affairé, que rien n’arrête dans son mouvement quotidien et gigantesque, un Paris
ignoré qui comprend les services d’approvisionnement, de transport, d’éclairage,
de salubrité, d’enseignement, d’administration, de police et d’assistance. M. Paul
Strauss était mieux en situation que personne pour le bien connaître, et, pour
remplir le programme qu’il s’était tracé, il n’a pas hésité à soulever tous les
voiles, à se faire ouvrir toutes les portes. Aidé du crayon d’artistes soucieux de
conserver la réalité exacte, documentaire, et grâce au x instantanés d’un photographe
plein d’adresse, l’auteur a pu faire revivre sous nos yeux toutes les scènes qu’il
avait pris à tâche de décrire. Ici, l’illustration, par son caractère précis, et pour
ainsi dire photographique, devient le commentaire obligé du texte. Ajoutons que
l’auteur a été habilement secondé dans son œuvre par l’expérience de M. Chmie-
lenski, l’actif et intelligent collaborateur de l’ancienne maison Quantin, qui avait
 
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