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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 2
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Pératé, André: Études sur la Peinture siennoise, [1]: Duccio
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0113

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais reprenons nos esprits. Cimabue a existé et il a peint (très
probablement) un retable pour Sainte-Marie Nouvelle. Je veux bien
que les vérités de Vasari soient sujettes à caution; je ne crois pas à
la fierté du peintre, à la splendeur de ses vêtements, à la visite de
Charles d’Anjou dans son atelier; je consens même qu’il n’ait jamais
enseigné Giotto; mais enfin Dante le nomme, et un commentateur
florentin de Dante, à la fin du xive siècle, nous dit qu’il y a de lui, à
Sainte-Marie Nouvelle, un retable d’une grande maîtrise. Ce retable
aurait-il changé d’auteur dans l’espace d’un siècle? C’est bien possible.
Je suis frappé du caractère siennois, et même de la technique sien-
noise de la Madone Ituccellai, de la douceur des traits, de la fraîcheur
des chairs, du type élégant des anges agenouillés autour du trône;
mais en même temps j’y note certaines ressemblances avec des œuvres
pisanes comme la Madone du Louvre : les médaillons du cadre, le
trône de bois sculpté et doré, le type de l’Enfant, qui ne me rappellent
point les œuvres authentiques de Guido et de Duccio. J’hésite devant
les conclusions que me propose M. Wickhoff : ou la Madone Ruccellai
a été peinte par Duccio, ou Cimabue devient un maître siennois qui
a suivi la tradition de Guido; ce n’est plus l’inventeur d’un nouveau
style. L’alternative sera cruelle à tous ceux que leur amour pour
Sienne n’empêche point de chérir Florence; mais Giotto ne suffit-il
pas à la gloire de Florence? Au moins reste-t-il à Cimabue trois vers
de Dante, ces vers fameux sur lesquels à force d’imagination les
historiens d’autrefois ont édifié sa biographie :

Gredette Cimabue nella pintura

Tener lo campo, ed ora ha Giotto il grido,

Si che la fama di colui oscura.

{Purg., XI, 94-96.)

De 1285 à 1308, c’est-à-dire jusqu’à l’époque où il commença son
grand retable, Duccio reçut évidemment plus d’une commande; des
peintures dont nous aurons à reparler, que possèdent l’Académie et
l’hôpital de Sienne, doivent dater de ce temps-là. En 1302, il peignit
une Madone pour la chapelle du Palais Public; le tableau, qui était
orné d’un gradin, lui fut payé 48 livres1 ; on ne sait ce qu’il est devenu.

1. « Dicembre anno 1302. Anche XLVIII Libre al maestro Duccio dipegnitore
per suo salario d’una tavola, ovvero Maestà, che fecie et una predella, che si posero
nell’ altare ne la chasa de’ nove, la due si dicie l’uffîzio. Ed avemone pulizia de’
nove. » Publiépar Rumohr, Forschungen, II, p. Tl.
 
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