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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 2
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Guiffrey, Jules: Le sculpteur Claude Michel dir Clodion (1738-1814), [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0192

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176

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pourraient s’enrichir dans la plus large proportion, sans dépenses, si
on savait y réunir les œuvres disséminées au hasard et presque
ignorées du public. On prend celles qui sont dans les jardins publics,
c'est-à-dire, celles qu’on peut voir et étudier à loisir, celles qui se
présentaient sous le meilleur jour et l'aspect le plus favorable, et on
ne sait pas tirer de leur retraite ignorée les douze statues de l’Insti-
tut; on laisse aux Invalides, où personne ne les remarque, les fameux
esclaves de Desjardins qui ont excité l’admiration de plusieurs géné-
rations de sculpteurs. Ah t nous ne sommes guère habiles à faire valoir
les trésors que les siècles ont entassés dans notre pays, si riche
encore, malgré tant de rapines;et tant de destructions!

Nous voici loin de Clodion et de Montesquieu. Pour en finir avec la
cause première de cette digression, notons que pour Clodion, comme
pour ses collègues, le prix des statues de grands hommes était fixé
à dix mille livres. Chaque artiste recevait de plus mille livres comme
prix d’un petit modèle destiné à la manufacture de Sèvres et qui devait
être reproduit en biscuit. La manufacture possède encore le modèle
de Clodion qui n’eut jamais, parait-il, le moindre succès de vente.
Ah! il en eût été autrement, si on eût demandé à l’artiste quelque
Naïade accompagnée de dieux marins ou quelque Nymphe lutinée par
un satyre. Et comment n’a-t-on pas songé à lui faire des commandes
de cette nature? Le plus récent historien de Clodion a remarqué que
l’artiste parait avoir vécu fort étranger au monde officiel, qu’il
rechercha peu les commandes et que son nom parait très rarement
dans ces volumineux registres de la Maison du Roi où l’on rencontre
tant de preuves navrantes de l’insatiable avidité de ses rivaux.
Cette discrétion de Clodion, aussi bien que son indifférence pour
l’Académie, peut s’expliquer peut-être par l’apathie naturelle de son
caractère; mais elle a sans doute sa cause première dans les nom-
breux travaux dont il était surchargé. Les grands seigneurs amateurs
ne laissaient guère de répit à l’artiste et; à ses auxiliaires. Comment
songer, au milieu de ces multiples ouvrages, aux sollicitations, à
l’Académie, aux Salons ? C’est ainsi qu’il se passa des commandes
officielles et sut se contenter de son titre d’agréé.

J.-J. GUIFFREY.

. (La suite prochainement.)

Le Rédacteur en chef gérant : LOUIS GOÛSE.

S CE A U X .

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