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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0210

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190

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

royales des Pharaons étaient ornées de briques émaillées blanches,
jaunes, vertes, rouges. « Ramsès III essaya d’un nouveau genre à
Tell-el-Yahoudi : le noyau de la bâtisse était en calcaire et en
albâtre; mais les tableaux, au lieu d'être sculptés comme à l’ordi-
naire, étaient en une sorte de mosaïque où la pierre découpée et la
terre vernissée se combinaient à parties presque égales... Les lotus
et les feuillages qui couraient sur le soubassement ou le long des
corniches étaient formés de morceaux indépendants : chaque couleur
est une pièce découpée de manière à s’ajuster exactement aux pièces
voisines '. » Ne croirait-on pas lire la description du minaret de
Mansourah?

Mais le mélange le plus fréquent est celui de la brique et de la
faïence. La brique — est-il besoin de le dire, puisqu’il suffit d'avoir
été à Londres pour le savoir? — se prête à beaucoup d’usages ignorés
de nos architectes. Suivant ses dimensions, suivant les dispositions,
les saillies adoptées, elle permet d’historier, de gaufrer les surfaces
extérieures des monuments; elle se laisse sculpter; elle se laisse
surtout colorer. En ce cas, elle peut jouer un rôle important; ce rôle
peut devenir capital quand ses colorations naturelles se combinent
avec des émaux polychromes, ainsi que cela se présente au minaret
de Bou-Medine.

Quoiqu’en apparence ce soit nous éloigner beaucoup de Tlemcen,
je voudrais fixer quelques époques, et choisir quelques modèles dans
l’histoire de la faïence appliquée à la décoration. J’irai les chercher
dans le livre de Mine Dieulafoy sur la Perse; aussi bien, j’ai signalé
à Tlemcen des échantillons des principaux genres de mariage que la
faïence peut lier avec la brique.

Voici, par exemple, à Erivan 1 2, une mosquée garnie à l’intérieur
de briques entremêlées de petits carreaux émaillés; à Narvichan, un
minaret décoré de briques et de bandes d’émail turquoise s’enchevê-
trant avec une extrême élégance, et une frise portant des lettres
d’émail bleu qui se détachent sur le fond rosé de la maçonnerie. Dans
cette même ville, il y a une mosquée dont les ornements sont exécutés
plus simplement en mosaïque de briques de couleur uniforme posées
sur fond de mortier. A Tauris, il y a la fameuse Mosquée bleue.
Aucun monument du Maghreb n’atteint les proportions des monu-
ments persans, cependant le principe de la décoration est le même :

1. Maspéro, Archéol. égypt., Paris, Quantin, p. 236 et s. avec fig.

2. J. Dieulafoy, La Perse, p. 21, 24, 51, 60, 92, 148, 130, 206, 256.
 
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