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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0212

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192

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

intact : « chaque pétale, chaque fleur sont découpés dans des briques
épaisses juxtaposées de façon à former de véritables marqueteries.
Mais la décadence ne tarde pas : bientôt, on néglige la brique crue,
on fait abus de briques émaillées et, par économie, on substitue les
carreaux à la mosaïque; puis leur emploi se généralise. On peut
d’ailleurs, en Perse, tirer des inductions chronologiques de la
coloration des émaux ; les plus anciennes sont le blanc, le bleu
clair et le bleu foncé: le noir, le jaune et le vert sont de date posté-
rieure. »

A Tlemcen, il n’en va pas de même; comme tous les arts qui se
propagent lentement à leur origine, l’art céramique du Maghreb n’a
pas conservé les distances entre les mues que cet art ressentait en
Perse : — l’Espagne, le Maghreb et le Maroc ont utilisé concurrem-
ment, presque simultanément, la mosaïque et le carreau de faïence, la
décadence de l’invention arrivant en même temps que l’invention
elle-même.

Si enfin, nous ressaisissons le fil conducteur des antiquités
persanes, nous remarquons qu’à Ispahan, dans l’admirable Collège
de la mère du roi, on ne rencontre plus que des carreaux dont le
dessin est serti d’un listel noir. — Dans la lutte, le carreau demeure
vainqueur. Il est cependant beaucoup moins solide que les parements
exécutés sous les Seldjoucides de Perse et des Mérinides de Tlemcen,
beaucoup moins artistique que les mosaïques mogoles en émaux
découpés. « On peut attribuer, dit Mme Dieulafoy, l’harmonieuse colo-
ration et l’éclat de véritables mosaïques de faïence au procédé de
fabrication et au triage des matériaux : tous les fragments de même
couleur étant pris dans une plaque uniforme pouvaient être cuits
séparément et amenés à la température la mieux appropriée à chaque
émail. »

Ce plaidoyer en faveur d’un art disparu m’a semblé nécessaire
pour relever la gloire de Tlemcen, sous-préfecture française. L’uni-
formité de nos habitations civiles n’a rien de rituel; pourquoi ne pas
la rompre quelquefois en variant et les matériaux de la construction
et l’esprit du décor? Pourquoi, après un voyage au Maghreb, un de
nos architectes ne concevrait-il pas le plan d’une façade sobrement
enrichie de briques émaillées, d’un escalier orné de repercis peints,
placés, en raison de leur délicatesse, hors de portée du toucher,
comme dans les mosquées? Pourquoi notre manufacture de Sèvres ou
l’initiative privée n’essaierait-elle pas de restaurer cet art si déco-
ratif de la mosaïque de faïence? Pourquoi enfin, notre écriture
 
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