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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Phillips, Claude: Exposition de maitres anciens a la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0256

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234

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

beaux. Cependant il appartient plutôt à la catégorie des études de
fantaisie qu’à celle des portraits proprement dits. Rembrandt y
apparait à l’âge de trente-huit ans à peu près, richement vêtu et
portant, de manière à le montrer en raccourci, un objet qu’on a
pris pour la gaine richement ouvrée d’un sabre oriental. Il parait
que c’est au contraire un de ces riches étuis dont se servait la
synagogue pour sauvegarder les rouleaux sacrés. U Homme à l’épée,
comme il faut encore appeler ce tableau, a été plus que médiocre-
ment gravé à la manière noire par J.-G. Haid, en 1765, pour le
fameux Boydell. On y déchiffre avec difficulté la signature avec la
date 1644. Malgré ses dimensions inusitées, le Guerrier armé du Musée
municipal de Glasgow est plutôt une esquisse fougueusement enlevée
qu’un tableau. Une lumière artificielle de source invisible tombe sur
le casque et l’armure d’un rude capitaine d’aspect sévère et quasi
antique, rappelant de loin le Colleoni du Verrocchiq. Rembrandt a-t-il
été inspiré ici par un de ces dessins italiens de farouches guerriers
vus de profil, dont celui de la collection Malcolm, œuvre authentique
de Léonard de Vinci, est le type? Les nettoyages ont endommagé la
surface de cette toile: néanmoins on peut encore y admirer l’aspect
poétique de l’ensemble, l’exécution hardie et merveilleusement sûre
des parties saillantes, surtout du casque et de l’armure. Ce Guerrier
a appartenu dans le temps à sir Joshua Reynolds, qui le désignait
sous le nom d’Achille et en a fait mention dans un de ses Discours sur
l’Art. Peut-être la toile la plus importante de toute cette série, quoi-
qu’elle soit, dans son état actuel, noire à excès, est-elle le soi-disant
Portrait de Cornélius Van der Hoofl (au comte Brownlow). Le poète et
savantde ce nomquifut l’ami du maître, mourut en 1647, et le portrait
dont il est question porte cependant la date 1653. Au reste Rembrandt
n’aurait guère, ce me semble, représenté un personnage n’étant
pas de la famille ou de l’entourage immédiat sous ce riche costume
de fantaisie, ajusté plus ou moins à l'orientale. Ce qui a prêté à la
supposition que nous avons devant nous Van Hooft, c’est que le beau
personnage mélancolique que voici appuie la main gauche sur un
buste en marbre blanc d’Homère, dont le poète hollandais est censé
avoir traduit les œuvres. Ajoutons que ce buste faisait partie de la
collection de Rembrandt, et figurait dans l’inventaire de sa vente.
Je verrais plutôt dans ce sujet quelque Philosophe ou Poète, où le
peintre aurait visé à se montrer quasi idéaliste, tout en se servant
comme d’habitude de ses moyens de réaliste fier et inspiré. Un
superbe portrait de jeune femme richement habillée de satin noir
 
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