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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 9
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0273

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230

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’une perte irréparable, celle de la tête archaïque autrefois acquise à
Athènes par Rayet U A la vente de la collection de notre regretté ami, qui
attachait à ce marbre une importance toute particulière, un malentendu
en priva le Musée du Louvre : ce fut la collection Jacobsenqui l’obtint. Or, la
tête que nous reproduisons est une des seules qui présentent une analogie
très étroite avec celle dont nous venons de parler. Ce sont les mêmes yeux
trop ouverts et à fleur de tête, les mêmes soui’cils relevés, la même bouche
large, aux lèvres sensuelles, la même saillie un peu brutale de la mâchoire.
De la comparaison qu’il a instituée entre ces deux œuvres, M. Collignon est
disposé à conclure que la tète du Louvre marque un progrès, car l’obliquité
des yeux y est à peine sensible et le modelé des paupières n’offre plus
aucune trace de sécheresse. R existe d’ailleurs d’autres différences, dont une
surtout est fort intéressante à noter. Tandis que les cheveux, dans la tête de
Copenhague, se terminent sur le front par un bourrelet et s’étagent plus haut
en mèches régulières, la tête du Louvre présente une coiffure assez bizarre.
Au lieu du bourrelet, deux rangées de boucles symétriques; au lieu des
mèches à direction verticale, une série de divisions horizontales, très som-
mairement indiquées, que cerne un bandeau. Sur la nuque, au delà du
bandeau, de longues mèches tombantes aboutissent à des boucles arrondies,
analogues à celles que Ton observe sur le front. II y a là une disposition nou-
velle, où Ton sent comme la lutte engagée entre les traditions de l’archaïsme
et l’observation de la nature. Dans la fameuse statue d’Anténor s, on voit,
comme sur notre marbre, deux rangées de boucles superposées; c’est là sans
doute une mode qui prévalait à la fin du vie siècle et je ne pense pas qu’il
faille seulement en chercher l’origine dans la technique des bronziers pélopo-
nésiens et éginétiques. Pendant toute la période des Pisistratides, jusqu’aux
guerres médiques, les marbres comme les vases peints montrent que la coif-
fure était l’objet des soins les plus recherchés; les hommes n’étaient q»as, à
cet égard, moins coquets que les femmes; ainsi la chevelure de la tête
d’athlète de la collection Rampin présente une complication vraiment
extraordinaire 1 2 3. Dans leur goût pour la symétrie, pour l’ornement, les
sculpteurs ont bien pu exagérer ces caractères, mais il est certain qu’ils ne
les ont pas inventés. Les épithètes homériques sont là pour nous prouver à
quel point l’abondance et la belle disposition de la chevelure étaient appré-
ciées aux premiers temps de l’hellénisme. On y reviendra, mais pour les
femmes seulement, à l’époque impériale, après une longue période de simpli-
cité. Comme Ta fait observer M. Collignon, le travail du marbre à la virole,
donnant l’idée de mèches qui s’enroulent, ne disparaît pas subitement avec
l’archaïsme ; on le retrouve encore plus tard, par exemple dans deux têtes

1. Voir Rayet, Études d'archéologie, pl. I; Collignon, Histoire de la Sculpture,
p. 361, flg. 183.

2. Gazette des Beaux-Arts, 1891, II, p. 429.

3. Collignon, Histoire de la Sculpture, p. 360, flg. 182.
 
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