Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Fourcaud, Louis de: Exposition des oeuvres de Meissonier, 2: le peintre - le dessinateur
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0301

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
274

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

père, bourgeois économe, prudent, madré, type pur du Lyonnais,
à ce qu’on rapporte, gagne maigrement la vie des siens dans
un petit commerce et tâche à faire de son fils un commerçant.
On devine, par là-même, sur quels principes sévères de constante
vérification des détails, d’application suivie et patiente est élevé
l’enfant. Sa mère, cependant, fait, naïvement, à ses moments perdus,
un peu de peinture. Yoilà sans nul doute le point de départ de
sa vocation. Un jour, il déclare tout nettement qu’il veut être
peintre et telle est sa résolution que rien ne l'en fera démordre.
Désormais, cette précision d’esprit, cette ténacité lyonnaise, déve-
loppées en lui par son éducation élémentaire, vont s’adapter aux
préoccupations de l’art. J’ai lu que, durant les premières années de son
séjour à Paris, de 1825 à 1830, il a peint des sujets pour trumeaux et
jusqu’à des tableaux-horloges, avec son camarade Daubigny. Le fait
est possible; mais je me rappelle avoir entendu le maître s'honorer
de n’avoir jamais rien négligé pour assurer ses progrès, même dans
les infimes productions de ses débuts. Ses sujets-trumeaux et ses
tableaux-horloges lui auront donc servi d’étude. L’ordre scrupuleux
qui est en sa volonté et en son intelligence a dû s’étendre immédia-
tement à sa technique, à ses façons de procéder, à tout son « idéal ».
Comment se comporte-t-il à l’atelier de Léon Cogniet, où l’a fait
entrer Tony Johannot? Je ne sais. Combien de temps y demeure-t-il?
Je l’ignore. Le point indubitable, c’est que pas une influence d’école
ne l’atteint. Autour de lui, l’on est classique ou romantique; lui n’a
pas plus de goût pour l’antiquité congelée que pour le moyen âge
flamboyant. On se le représente volontiers fréquentant, au Louvre,
les petits maîtres des Pays-Bas dont plusieurs sont de grands
peintres. Il aime ces bourgeois de race, gens pratiques, avisés,
soigneux. Son premier tableau : Bourgeois flamands, exposé au Salon
de 1834, en fait la confidence. Médiocre composition sans conteste,
cette scène que nous vîmes à l’Exposition du cinquantenaire artis-
tique de Meissonier, et débilement peinte, mais profondément diffé-
rente de tout ce qui s’exécute à la même date. Ce qui distingue le
programme de l’artiste, c’est la simplicité de l’invention, quoique
sous le couvert de costumes historiques, avec une préoccupation de
défini et de fini. Nous aurons de lui des joueurs d’échecs, des violon-
cellistes, des liseurs, des hallebardiers, des amateurs d’estampes,
d’innombrables petits personnages vêtus tantôt à la mode flamande,
tantôt au goût d’Holbein, tantôt à la façon du xvme siècle, mais tou-
jours rigoureusement étudiés d’après le modèle, poussés au rendu
 
Annotationen