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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Fourcaud, Louis de: Exposition des oeuvres de Meissonier, 2: le peintre - le dessinateur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0307

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EXPOSITION DES OEUVRES DE MEISSONIER.

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main, il l’a évité. Les problèmes qu’il s’assignait touchaient à la
composition et, par-dessus tout, au rendu littéral des formes par lui
choisies. Je ne crois pas que l’humanité l’intéressât autrement qu’à un
point de vue secondaire et- anecdotique. Une vraie pensée ne se
dégagé que d'un petit nombre de ses toiles. L’historiette la plus
insignifiante suffisait à lui fournir des gestes, des allures, des
physionomies, des habits pittoresques, des accessoires et un milieu.
Et rien ne lui coûtait pour mener son thème au degré absolu. Jamais
il ne se sépara d’un morceau qu’il n’y eût mis tout ce qu’il était en
lui d’y mettre. Comme conscience, il fut exemplaire; comme pléni-
tude de réalisation, même dans l’infinitésimal, il fut souvent mira-
culeux.

IL

Les quatorze cents numéros portés au catalogue de l’Exposition
présente n’épuisent pas, il s’en faut, l’œuvre complet du célèbre
artiste; mais sa maîtrise y apparaît, au moins, sous tous ses aspects
et toutes ses tendances successives s’y manifestent. Les esquisses
sont assez nombreuses. L’une remonte, évidemment, à l’époque des
débuts de Meissonier : celle où se voient les quatre évangélistes,
debout, drapés à l’italienne, en des attitudes convenues, avec une
apparition du Christ, les mains ouvertes, au fond, dans un brouillard
de lumière. D’autres, infiniment plus curieuses, — celle de la Rixe,
par exemple, —nous montrent l’auteur procédant, à la façon roman-
tique, par frottis bitumineux, touchés de couleurs chaudes et
confuses, à la Diaz. Pour un rien, les petits personnages ébauchés
ainsi feraient penser à Isabey. Deux ou trois sujets préparés, —
principalement une Assemblée de musique, évoquent les fantaisies de
Diaz ou plutôt de Baron. Nous savions depuis longtemps quelepeintre
de la Lecture chez Diderot subit, un moment, le charme de cet
éblouissant Diaz, dont la palette fut, quelquefois, comme chargée do
sucs de fleurs ;Thoré nous a dit qu’il acheta de ses ouvrages. Mais un
Meissonier, doué des dons tyranniques de l’exécution directe, se sent
bientôt médiocre quand il déserte le terrain positif pour les improvi-
sations véhémentes ou les visions de féerie. Le despotisme de sa
virtuosité d’après nature, qui met le meilleur de sa force dans le
nerveux achèvement, est si rigoureux que, contre l’ordinaire, ses
études partielles, brossées en vue de ses tableaux, sont presque
 
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