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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Fourcaud, Louis de: Exposition des oeuvres de Meissonier, 2: le peintre - le dessinateur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0310

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282

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Maréchal ferrant, le Dimanche à Poissy et le Tourne bride, sans se
rappelez* nos vieux peintres de bambochades. Certes, Meissonier ne
les imite point, surtout dans l’exécution, mais il se rattache à leur
mode. Malheureusement, ces saynètes à groupes échelonnés font
apparaître en lui un défaut grave : l’absence du sentiment de la
perspective. Un point ou un personnage éloigné du spectateur est
traité avec une netteté de détails qui rompt l’ordre des plans. Je
citerai le clocher de Poissy, vu à travers les arbres, dans le Dimanche
à Poissy, et la figurine d’arrière-plan du Tourne bride. Quelquefois, en
même temps que les règles de perspective sont violées, celles des
proportions sont méconnues : c’est le cas de ce précieux tableautin :
les Joueurs de boules à Antibes, où le joueur qui lance la boule est à la
fois trop petit et trop détaillé. J’ajoute que, souvent, dans cette série,
les minuties compromettent l’unité d’impression. L’adresse s’affiche :
elle prodigue partout les microscopiques luisants et les reflets
imperceptibles, les cassures et autres bagatelles d’habileté.

Les Joueurs de boules à Antibes, que je viens de mentionner, appar-
tiennent, d’ailleurs, à un groupe d’œuvres particulier que j’appellerai
la série d’Antibes. Ici, l’auteur s’est, méritoirement, préoccupé
d’ambiance extérieure et de grande clarté diffuse en plein air. 11
aborde avec décision la recherche des valeurs d’ombre et de lumière
au soleil (les Joueurs de boules, les Oliviers d’Antibes, les Blanchisseuses)
ou des transparences bleues du ciel ensoleillé à l’infini (la Route de
la Salice, Vue d’Antibes, paysages animés des portraits du peintre et
de son fils à cheval). Cette suite d’œuvres date de 1869 à 1874. La
facture de ces vues de pays n’est pas, évidemment, très rustique;
on voit à certains aspects plus de précieux qu’on ne voudrait.
Cependant, Meissonier marche très hardiment, alors, dans une voie
moderne et ne se répète point. Bien mieux, ses Blanchisseuses ont
une saveur de vérité surprise et saisie qui ne lui est pas cou-
tumière.

Car, c’est à ce trait que j’en dois venir : il est certain que, dans
l’ensemble de ses tableaux de genre, le maître dépense un talent
incroyable à naturaliser des personnages de convention et que nous
finissons par nous lasser de ses reîtres et de ses lansquenets, de ses
mousquetaires et de ses bravi. Yoilà une de ses toiles : la compo-
sition en est simple et rationnelle; les figures paraissent tout à leur
action : le dessin est prestigieux, la peinture est large en sa
microscopie, et nous nous émerveillons. Mais voilà, d’un coup, vingt
de ses toiles : notre étonnement s’émousse, l’émotion ne surgit pas;
 
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