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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Lostalot, Alfred de: La vente des collections Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0362

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332

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Spitzer est peu connu du public; le propriétaire en faisait gracieu-
sement les honneurs, mais il fallait être présenté par quelqu’un de
ses relations personnelles ; l’exposition, ouverte en ce moment dans
la maison même qui l’abrite et où il va être morcelé, excite donc une
curiosité bien naturelle ; on y vient du monde entier : l’œuvre de
charité à qui vont les produits de cette exposition, touchera certai-
nement une forte somme : à quelque chose malheur est bon.

D’ailleurs est-ce bien un désastre, comme l’ont pensé plusieurs de
nos confrères, la dispersion du Musée Spitzer? Sans compter la joie
légitime que les amateurs fortunés éprouveront à en recueillir les
glorieuses épaves, cette dissémination d’objets rares, choisis, classés
et exposés chez lui par l’homme de notre temps qui s’entendait le
mieux à cette triple besogne, ne va-t-elle pas mieux servir les inté-
rêts de l’Art décoratif, au nom duquel on se lamente, que ne le
faisait leur réunion dans une seule main ?

Tous les musées de l’Europe et du nouveau monde « vont
donner » ; — je n’en excepte même pas les nôtres, malgré la notoire
et si regrettable pénurie de leurs ressources pécuniaires — les objets
principaux seront donc intelligemment recueillis, mis en belle
lumière et accessibles à tous; devons-nous nous en plaindre? On
cherche des modèles, ou, ce qui vaut mieux, des exemples de bon
goût et de parfaite technique à mettre sous les yeux de nos indus-
triels d’art qui manquent, dit-on, d’initiative et s’obstinentà tourner
dans le même cercle; n’est-ce pas là une occasion excellente de
réaliser les desiderata des collections publiques qui sont ou devraient
être surtout des établissements d’enseignement? Cessons donc de
nous plaindre, et songeons à tirer le meilleur parti possible des
richesses qui vont s’offrir à nous.

C’est vers 1852 que M. Spitzer, Autrichien de naissance, vint à
Paris et commença à y exercer son instinct subtil de collectionneur et
de marchand; car il fut l’un et l’autre; c’est en achetant pour les
autres qu’il réunit les sommes nécessaires à la formation de sa propre
collection. A l’époque où nous vivons, l’amateur le plus finement
trempé, même appuyé d’une belle fortune, s’ingénierait en vain à réa-
liser le rêve de M. Spitzer : il n’y a pas de fortune qui tienne devant
les prix auxquels s’est élevée la Curiosité, et puis les beaux morceaux
se font rares. Mais en 1852 il en allait autrement; les Révoil, les Du
Sommerard, les Sauvageot et les Soltykoff avaient sans doute effectué
déjà des rafles importantes, cependant la moisson se présentait encore
belle pour un travailleur acharné comme l’était M. Spitzer ; et ce
n’est que plus tard, bien plus tard, que s’ouvrit l’ère des grands prix.

Dans les dernières années de sa vie, il lui arriva de mettre
70,000 francs sur un morceau d’ivoire et d’échanger quarante billets
 
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