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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 4, Les écoles du nord - les primitifs: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0410

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LE MUSÉE DU PRADO.

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Tout le Prado n’est pas là, sans doute; il tient pour nous d’autres
splendeurs en réserve, mais nulle impression ultérieure n’aura
pouvoir d’effacer le souvenir de cette vision première. Dans l’impor-
tance que revêtiront à nos yeux les Écoles du Nord, la curiosité aura
sa part autant parfois que l’admiration. Le savant et l’artiste y
trouveront également à glaner.

Que la répartition des salles contribue pour une part à l’effet res-
senti, j’en ai le soupçon. Confondues sans ordre rigoureux dans des
salles au plafond bas, au jour parcimonieusement distribué, au recul
insuffisant, les maîtres septentrionaux, pour imposante que soit leur
cohorte et parfois supérieure leur représentation, paraissent comme
tenus à l’écart. Qui donc garde leur souvenir pendant les heures
d’enchantement données aux coloristes méridionaux? Aussi bien,
que de noms manquent à l’appel dans cette galerie de deux mille
deux cents peintures réparties entre plus de quatre cents maîtres,
où Rembrandt n’intervient que pour une seule œuvre et d’où Frans
Hais est totalement absent!

Rien n’est donc plus exact que cette observation de M. Germond
Delavigne, que, malgré leur nombre et leur beauté, les toiles réunies
au Prado ne forment pas un Musée dans le vrai sens du mot, mais
seulement une collection sans pareille. « Les origines des différentes
écoles n’y sont pas représentées, ajoute-il, et dans ces écoles, tandis
que tel mailre a presque toutes ses œuvres, tel autre, également
illustre, n’a pas même une esquisse. »

Ces lacunes ne seront point comblées. Outre qu’il en coûterait
gros de réunir à prix d’argent un ensemble d’échantillons dignes de
cadrer avec ceux que nous offre la galerie dans son état actuel, les
écoles et les époques y parlent avec une éloquence si haute de la
grandeur et du déclin de la Monarchie espagnole, qu’en vérité toute
adjonction de date récente détonnerait ici comme un anachronisme.

Plus spécialement préoccupé de l’étude de ce groupe de productions
que le catalogue rassemble.sous le titre de Escuelas Germanicas, j’ai
d’abord éprouvé cette impression. Nulle part autant qu'ici ne se
reflète l’œuvre politique du passé. Les créations flamandes sont, à
elles seules, aussi nombreuses que celles d’origine espagnole et
italienne prises ensemble alors que l’École hollandaise est comme
inexistante et pour peu qu’il vous intéresse de rechercher les origines
de ses rares échantillons, égarés en pays espagnol, vous apprenez
qu’aucune peinture d’un maître hollandais n’est arrivée par voie
directe en la possession des rois d’Espagne.
 
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