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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 4, Les écoles du nord - les primitifs: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0413

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378

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

génie. L’Angleterre., l’Allemagne, la France et la Hollande ne
donnent pas du maître une représentation équivalente à celle du
Prado à lui seul.

L’histoire nous apprend que le 29 août 1559, Philippe II, venant
de Flandre en vue des côtes de l’Espagne, une tempête épouvantable
dispersa sa flotte et mit à néant sous ses yeux mêmes, le navire
portant les trésors artistiques recueillis par son père et par lui
au cours de leur passage par la Flandre. L’historien Leti prend
texte de l’événement pour dire que Charles-Quint n’avait rançonné la
terre qu’au profit de l’Océan.

On ne se défend pas d’une certaine émotion à la pensée de tant
de merveilles ravies à notre admiration, soustraites à notre étude.
Mais que portait en réalité la caravelle royale? Le conjecturer est plus
difficile qu’il n’en coûte de peine d'énumérer ce qu’elle ne contenait
pas. En effet, Y Adoration de l'Agneau des frères Yan Eyck, l'Enseve-
lissement du Christ, de Matsys, la Sainte famille, du même, le Saint Luc
et l'Adoration des Mages de Mabuse, le Crucifiement et la Descente de
Croix de Roger Yan der Weyden, les Thierry Bouts de Louvain, les
Memling de Bruges ; en somme, les pages les plus marquantes des
maîtres flamands que continssent les églises et les hôtels de ville
des Pays-Bas nous sont conservées.

Pour plusieurs de ces œuvres Philippe avait échoué dans ses
tentatives d’acquisition. D’autres, comme le Christ crucifié, de Roger
Yan der Weyden, enlevé à la Chartreuse de Scheut, près de
Bruxelles, et la Descente de Croix du même maître se retrouvent encore
à l’Escurial. Yan Mander fait mention d’un Sacrifice d’Abraham de
Jean Schoorel, peinture à la détrempe, acquise à Utrecht par le
roi, avec d’autres œuvres du même peintre. Mais la trace de
ces créations est perdue, qu’elles aient péri avant de toucher les
côtes d’Espagne ou dans un des incendies de 1608 ou de 1734 dont
le Prado et l’Alcazar de Madrid eurent si cruellement à souffrir.

Mais déjà le retour de Philippe dans la mère-patrie avait
été précédé d’un envoi précieux d’œuvres ayant appartenu à sa
tante, la reine Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas. L’in-
ventaire de ces richesses nous fait même connaître qu’un des chefs-
d’œuvre de Jean Yan Eyck, le portrait d’Arnolphini et de sa femme,
aujourd’hui à Londres, avait fait le voyage de Madrid : « Una tabla
grande, con dos puertas con que se sierra, y en ella un hombre e una
muger que se toman las manos, con un espejo en que se muestran los
diclios hombre e muger, y en las puertas las armas de don Diego de
 
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