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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
vingt fois songer à Jérôme Bosch sur qui, certainement, ii a influé.
Bref, Bayant vu une fois, il n’est guère possible de le méconnaître
jamais. Ses femmes, en général, ne sont ni gracieuses de contour, ni
distinguées de type; elles ont les traits empâtés. Les extrémités
manquent de goût et d’élégance et, d’une manière générale, les per-
sonnages, un peu ramassés, se meuvent avec gaucherie.
Tous ces caractères, nous les retrouvons dans Y Annonciation,
n° 1853. Ce tableau a souffert ; il n’en constitue pas moins une création
importante et typique, sans compter qu’elle nous apporte une solution
diflnitive.
Chose fréquente chez les maîtres du xve siècle, c’est dans une
église que l’ange vient délivrer à la Vierge son message. Décoré cette
fois encore de verrières, le temple n’en est pas moins pourvu d’un
mobilier d’usage courant : une bibliothèque, un banc sculpté, garni
d’un coussin rouge. Agenouillée, vue de face, sans lever les yeux de
son livre, Marie écoute les paroles de l’ange qui s’avance par la
gauche. De ce même côté une façade gothique à laquelle est adossée
une statue de David jouant de la harpe, — la Vierge était de la
maison de David, — tandis que les pignons sont décorés de statuettes
du Christ, de Moïse, de Samson, etc. Dans le ciel apparaît Dieu le
Père, environné d’anges. Ce groupe est tracé en hachures d’or. Le
vêtement de la Vierge également est pourvu d’une bande d’inscrip-
tions hébraïques tracées en or.
Je ne connais point le. retable de Palencia, auquel M. Justi
rattache le Mariage de la Vierge. Mais je connais la série exquise de
peintures attribuées à Juan de Flandres, appartenant au palais de
Madrid. Leur analogie avec l’œuvre du Prado ne m’a pas particu-
lièrement frappé. Pour ce qui concerne Y Annonciation, il m’est donné
de pouvoir faire connaître qu’elle répète les figures du fameux trip-
tyque appartenant à la comtesse de Mérode, à Bruxelles, et dont
M. Bode a parlé ici même. Du même peintre, encore indéterminé,
M. Léon Somzée, à Bruxelles, possède une Madone; M. Bode, et
d’autres connaisseurs, lui assignent la Mort de la Vierge de la Galerie
Nationale de Londres, si longtemps attribuée à Martin Schœngauer
à qui, précisément, j’avais songé pour la Madone Somzée et la Manne
de Douai. Le même auteur lui donne une Annonciation du Musée de
Cassel. Je puis, pour ma part, lui restituer d’autres œuvres : Y Annoncia-
tion, n° 2202, où se retrouvent tous ses accessoires favoris ; les Saintes
femmes ait tombeau, une page capitale, faisant partie de la collection
de sir Francis Cook, à Richmond, et attribuée à Jean Van Eyck; enfin
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
vingt fois songer à Jérôme Bosch sur qui, certainement, ii a influé.
Bref, Bayant vu une fois, il n’est guère possible de le méconnaître
jamais. Ses femmes, en général, ne sont ni gracieuses de contour, ni
distinguées de type; elles ont les traits empâtés. Les extrémités
manquent de goût et d’élégance et, d’une manière générale, les per-
sonnages, un peu ramassés, se meuvent avec gaucherie.
Tous ces caractères, nous les retrouvons dans Y Annonciation,
n° 1853. Ce tableau a souffert ; il n’en constitue pas moins une création
importante et typique, sans compter qu’elle nous apporte une solution
diflnitive.
Chose fréquente chez les maîtres du xve siècle, c’est dans une
église que l’ange vient délivrer à la Vierge son message. Décoré cette
fois encore de verrières, le temple n’en est pas moins pourvu d’un
mobilier d’usage courant : une bibliothèque, un banc sculpté, garni
d’un coussin rouge. Agenouillée, vue de face, sans lever les yeux de
son livre, Marie écoute les paroles de l’ange qui s’avance par la
gauche. De ce même côté une façade gothique à laquelle est adossée
une statue de David jouant de la harpe, — la Vierge était de la
maison de David, — tandis que les pignons sont décorés de statuettes
du Christ, de Moïse, de Samson, etc. Dans le ciel apparaît Dieu le
Père, environné d’anges. Ce groupe est tracé en hachures d’or. Le
vêtement de la Vierge également est pourvu d’une bande d’inscrip-
tions hébraïques tracées en or.
Je ne connais point le. retable de Palencia, auquel M. Justi
rattache le Mariage de la Vierge. Mais je connais la série exquise de
peintures attribuées à Juan de Flandres, appartenant au palais de
Madrid. Leur analogie avec l’œuvre du Prado ne m’a pas particu-
lièrement frappé. Pour ce qui concerne Y Annonciation, il m’est donné
de pouvoir faire connaître qu’elle répète les figures du fameux trip-
tyque appartenant à la comtesse de Mérode, à Bruxelles, et dont
M. Bode a parlé ici même. Du même peintre, encore indéterminé,
M. Léon Somzée, à Bruxelles, possède une Madone; M. Bode, et
d’autres connaisseurs, lui assignent la Mort de la Vierge de la Galerie
Nationale de Londres, si longtemps attribuée à Martin Schœngauer
à qui, précisément, j’avais songé pour la Madone Somzée et la Manne
de Douai. Le même auteur lui donne une Annonciation du Musée de
Cassel. Je puis, pour ma part, lui restituer d’autres œuvres : Y Annoncia-
tion, n° 2202, où se retrouvent tous ses accessoires favoris ; les Saintes
femmes ait tombeau, une page capitale, faisant partie de la collection
de sir Francis Cook, à Richmond, et attribuée à Jean Van Eyck; enfin