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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 4, Les écoles du nord - les primitifs: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0425

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390

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

La gamme des colorations est chaude et riche. Le Christ, vêtu
d’un manteau de pourpre bordé d’un large orfroi, et retenu par une
agrafe d’un merveilleux travail, la Vierge couronnée d’or et de
perles, saint Jean couvert de la traditionnelle tunique en poil de
chameau, se détachent sur un fond rouge, relevé de moulures d’or,
combinaison qui, à elle seule, pourrait suffire à caractériser Mabuse.

Mais ce qui achève de persuader est l’exquise figure d’ange,
inspirée encore une fois des Musiciens célestes de Van Eyck, mais dont
la robe d’un bleu pâle et les mains sont du Mabuse le plus caractérisé.

Déjà M. Justi avait prononcé le nom de ce peintre illustre devant
le tableau. Aucune restriction ne me semble nécessaire. J’ajoute que
si Mabuse a été plus original, jamais il n’a surpassé comme excel-
lence le présent morceau de peinture.

Est-on fondé à dire avec M. Justi que le Prado ne possède
aucun Van Eyck authentique? Sur ce point je serai moins affirmatif
que l’éminent professeur. Au cours de mon exploration des salles
basses du Musée j’ai été vingt fois attiré par une petite peinture,
malheureusement exposée dans les conditions les plus désavanta-
geuses, mais dont il m’a paru que seul, Jean Van Eyck pourrait être
l’auteur. C’est le n° 1857, rangé parmi les inconnus, sans doute
la même peinture que Passavant désigne comme un « brave petit
tableau » et range dans l’Ecole de Memling.

11 s’agit d’une oeuvre de très petit format (61 centimètres sur 32),
provenant de l’Escurial. Je n’arrive point, malgré mes recherches
dans la légende des saints, à en pouvoir préciser le sujet.

Au fond d’une chapelle gothique un prêtre célèbre la messe.
L’autel est surmonté d’une très grande croix où le Christ paraît
représenté au naturel. La Vierge et saint Jean sont placés de
chaque côté. L’officiant élève l’hostie mais porte le regard vers la
gauche où est agenouillé un homme de qualité, vieillard en robe
rouge, fourrée de noir, et dont les traits offrent une frappante analogie
avec ceux du Chanoine Pala, du célèbre tableau de Jean Van Eyck
de l’Académie de Bruges. A droite, et vêtu de bleu, un autre person-
nage, également agenouillé. Dans le fond, à gauche, la sacristie
décorée de peintures et, plus bas, une ouverture par laquelle on
aperçoit un cheval et des ballots de marchandises. Naturellement
une œuvre de si petites dimensions demanderait à pouvoir être exa-
minée de près. Celle-ci m’a paru compter parmi les plus précieux
échantillons de l’ancienne Ecole que possède le Musée de Madrid.
 
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