LE SCULPTEUR CLODION.
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Nymphes surprises ! A côté de l’Homère figurait une Jeune fille
qui veut prendre un papillon. Malgré une confusion apparente du
livret, cette statue de marbre parait bien être celle que le sculp-
teur Monot laissait inachevée en mourant et que Clodion reprit et
termina. Elle lui appartenait encore lors de son décès; on la voit
indiquée sur la liste des œuvres qui garnissaient son atelier
en 1814.
La vie de l’artiste touchait à son terme. Avant de s’éteindre, il
devait avoir la douleur de voir disparaître autour de lui tous ceux qui
avaient été mêlés intimement à son existence. Pajou mourait en 1809,
comblé d’honneurs. Mais il est douteux que, depuis le divorce de sa
fille, il eût conservé des relations bien cordiales avec son gendre.
Une perte certainement plus sensible au vieux Clodion fut la mort de
son frère aîné Sigisbert Michel: celui-ci s’éteignit en 1811, à l’àge de
quatre-vingt-trois ans, dans un pauvre logement de la rue Chilcle-
bert, sur la paroisse de Saint-Germain des Prés.
D’autres tristesses, plus cruelles peut-être, devaient assombrir
les derniers moments du vieil artiste. Sa femme ne lui avait pas
donné d’enfant; mais il avait fait élever une fille née d’une de ces
liaisons éphémères dont nous avons pu retrouver quelques traces.
C’était son unique enfant, comme il le déclarait dans Pacte reproduit
ci-dessous *. Ici, Clodion annonce formellement l’intention de recon-
naître cette fille et de lui laisser tout son bien, en l’autorisant à
prendre le nom qu’il avait illustré.
L’artiste avait toujours témoigné.pour cette enfant une vive ten-
1. « Je soussigné Claude Michel, dit Clodion, sculpteur, demeurant à Paris, rue
Thiroux, n° 13, déclare que la Cao Marie-Augustine, balisée en la ci-devant paroisse
de la Ville-rÉvêque, à Paris, le.. sous le nom de père et mère inconnus, et
demeurant chez moi depuis environ quatre ans, sauf quelques interruptions, est
ma fille, née de moi et d’une femme que je ne puis nommer, attendu : 1° que je ne
puis donner à ma fille des preuves de la maternité ; 2° que le résultat de ces
preuves, s’il en existait, serait nul, sadile mère étant décédée avec peu de fortune.
« Je déclare, en outre, qu’elle est mon unique enfant, que, par conséquent, elle
doit être seule mon héritière ; en conséquence, j’autorise maditte fille Marie-
Augustine à faire réformer son acte de naissance, à y faire mettre mon nom et à
prendre dans tous actes publics ou privés le nom de ma fille. »
Cet acte, qui n’est ni daté ni signé, paraît être une copie faite par Clodion
d'après l’original, car l’écriture est en tout semblable à celle de la lettre repro-
duite un peu plus loin.
Nous devons communication de cette pièce et de la lettre de Clodion au sculp-
teur Hubert Lavigne, mort il y a une dizaine d'années des suites de la catastrophe
de Charenton. Il tenait ces documents de la fille même de Clodion.
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Nymphes surprises ! A côté de l’Homère figurait une Jeune fille
qui veut prendre un papillon. Malgré une confusion apparente du
livret, cette statue de marbre parait bien être celle que le sculp-
teur Monot laissait inachevée en mourant et que Clodion reprit et
termina. Elle lui appartenait encore lors de son décès; on la voit
indiquée sur la liste des œuvres qui garnissaient son atelier
en 1814.
La vie de l’artiste touchait à son terme. Avant de s’éteindre, il
devait avoir la douleur de voir disparaître autour de lui tous ceux qui
avaient été mêlés intimement à son existence. Pajou mourait en 1809,
comblé d’honneurs. Mais il est douteux que, depuis le divorce de sa
fille, il eût conservé des relations bien cordiales avec son gendre.
Une perte certainement plus sensible au vieux Clodion fut la mort de
son frère aîné Sigisbert Michel: celui-ci s’éteignit en 1811, à l’àge de
quatre-vingt-trois ans, dans un pauvre logement de la rue Chilcle-
bert, sur la paroisse de Saint-Germain des Prés.
D’autres tristesses, plus cruelles peut-être, devaient assombrir
les derniers moments du vieil artiste. Sa femme ne lui avait pas
donné d’enfant; mais il avait fait élever une fille née d’une de ces
liaisons éphémères dont nous avons pu retrouver quelques traces.
C’était son unique enfant, comme il le déclarait dans Pacte reproduit
ci-dessous *. Ici, Clodion annonce formellement l’intention de recon-
naître cette fille et de lui laisser tout son bien, en l’autorisant à
prendre le nom qu’il avait illustré.
L’artiste avait toujours témoigné.pour cette enfant une vive ten-
1. « Je soussigné Claude Michel, dit Clodion, sculpteur, demeurant à Paris, rue
Thiroux, n° 13, déclare que la Cao Marie-Augustine, balisée en la ci-devant paroisse
de la Ville-rÉvêque, à Paris, le.. sous le nom de père et mère inconnus, et
demeurant chez moi depuis environ quatre ans, sauf quelques interruptions, est
ma fille, née de moi et d’une femme que je ne puis nommer, attendu : 1° que je ne
puis donner à ma fille des preuves de la maternité ; 2° que le résultat de ces
preuves, s’il en existait, serait nul, sadile mère étant décédée avec peu de fortune.
« Je déclare, en outre, qu’elle est mon unique enfant, que, par conséquent, elle
doit être seule mon héritière ; en conséquence, j’autorise maditte fille Marie-
Augustine à faire réformer son acte de naissance, à y faire mettre mon nom et à
prendre dans tous actes publics ou privés le nom de ma fille. »
Cet acte, qui n’est ni daté ni signé, paraît être une copie faite par Clodion
d'après l’original, car l’écriture est en tout semblable à celle de la lettre repro-
duite un peu plus loin.
Nous devons communication de cette pièce et de la lettre de Clodion au sculp-
teur Hubert Lavigne, mort il y a une dizaine d'années des suites de la catastrophe
de Charenton. Il tenait ces documents de la fille même de Clodion.