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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0455

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LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS. 419

ce soit et vous retrouverez le lingot du bonheur, — en petite
monnaie. »

Cette boutade, qu’on trouve aux premières pages du Cousin Pons,
n’est pas une raillerie: ce n’est pas un maniaque que Balzac a
voulu peindre; s’il prête quelques légers travers à son personnage,
il en fait l'artiste clairvoyant, l’amant des chefs-d’œuvre perdus
et quand, à propos d’un précieux bibelot donné par lui, Cécile dit à
son père :

— On ne peut pas refuser à ce pauvre cousin de se bien con-
naître à ces petites bêtises-là.

— Des bêtises! s’écrie le président de Marville. Mais l’Etat va
payer trois cent mille francs la collection de feu M. le conseiller
Du Sommerard et dépenser, de moitié avec la ville de Paris, près d’un
million en achetant et réparant l’hôtel de Cluny, pour loger ces petites
bêtises-là.

L’auteur mêle ainsi aux personnages de son roman les hommes
de son temps, il rend l’action vraisemblable et saisissante en l’enfer-
mant dans les faits de la vie réelle, et cela évoque en nous le souvenir
du temps heureux où un ministre, comme le comte Duchatel, pouvait
concevoir un projet généreux et grandiose, et le mener à bien.
Mais il est loin le temps où, pour un million, on achetait à Paris un
palais comme Cluny, et pour trois cent mille francs, -une galerie
toute faite.

Cela se passait en 1843, Balzac écrivait le Cousin Pons en 1846 et
dix ans après, Charles Sauvageot donnait au Louvre sa collection de
merveilles.

Ne semble-t-il pas que ce soit là des histoires d’un autre âge?

Les objets précieux recueillis par quelques-uns, pendant les
périodes de trouble et d’ignorance commençaient à reparaître, ils
changeaient de maîtres. Si Debruge-Duménil et le prince Soltykoff
dispersaient leurs collections, le marquis d’Hertford et le prince
Demidoff augmentaient les leurs. Les artistes produisaient, sans
escompter leur réputation, aucun d’eux ne se doutait d’ailleurs des
prix qu’atteindraient si tôt leurs œuvres.

C’était une sorte de renaissance, un renouveau du goût en poésie,
en art, en critique et en science.

Tl y aurait toute une philosophie à dégager de cette évolution
de la haute curiosité, mais ce n’est pas à la progression des prix
dont on paie les objets d’art, qu’il faut mesurer l’influence qu’ils ont
eue, sur l’esprit de notre temps, et sur l’activité de nos ateliers, c’est
 
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