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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
doute, on n’y trouve pas l’adresse et la sûreté de procédé, la qualité
des émaux et la transparence des blancs que nous admirons dans les
dernières œuvres de nos artistes, mais c’est la première tentative
faite avec les matériaux ordinaires du commerce, et encore trouve-
rait-on, surtout dans la plaque aux pêcheurs et aux baigneuses, une
ressemblance plus directe, une analogie plus grande avec de vieux
émaux du Louvre, que n’en ont la plupart des essais faits depuis. —
Les blancs et les noirs sont un peu heurtés, mais quelques détails y
sont enlevés avec un grand bonheur et les ors posés avec discrétion
produisent un bon effet.
C’est encore à Froment-Meurice que nous emprunterons le docu-
ment qui suit. On sait qu’en 1845, à l’occasion du mariage de Louise-
Marie-Thérèse, fille du duc de Berry, avec Ferdinand Charles III de
Bourbon, duc de Parme, les dames de France voulurent offrir à la
duchesse une toilette d’argent ciselé, rappelant les présents qu’il
était d’usage de faire au xvme siècle.
L’orfèvre parisien en eut la commande et s’adjoignit pour l’exécu-
tion de ces pièces importantes J. Feuchères, Geoffroy-Dechaume et
Liénard. La toilette a été souvent décrite; il en existe une eau-forte
gravée à Parme en 1853 par A. Rosseno; nous n’y reviendrons pas.
Mais nous signalerons les deux coffrets dont Burly a donné un bois
dans son livre sur Froment-Meurice. Ces coffres étaient ornés de
vingt plaques d’émail « dans le style des émaux de Limoges blanc
gris et bleu foncé. Ces vingt émaux, hauts de 12 centimètres,
sur 6 de large, représentent les femmes les plus célèbres de la
monarchie française depuis sainte Clotilde jusqu’à Anne d’Au-
triche ».
La photographie que nous a montrée M. Froment-Meurice contient
la reproduction de trois de ces plaques : Anne de Beaujeu, Anne de
Bretagne et Jeanne d’Albret; mais, où Pli. Burty s’est trompé, c’est
lorsqu’il a attribué l’exécution de ces émaux à Sollier et à Meyer. Il
confond Meyer (Alfred) et Meyer-Heine, que nous avons nommé plus
haut, et il oublie de citer Grisée, lequel eut à ces émaux une part
d’exécution beaucoup plus considérable que les deux autres. Nous
tenons ce détail de Grisée lui-même; il nous a conté maintes fois les
difficultés qu’il avait eues pour mener à bien ce travail fait en colla-
boration. Grisée affectionnait beaucoup l'emploi des blancs modelés
sur fond bleu de roi et nous avons connu de lui une plaque exécutée
dans le même goût; il fit par la suite, des émaux à la façon de
Limoges qui sont d’un caractère très supérieur. Nous donnons au
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
doute, on n’y trouve pas l’adresse et la sûreté de procédé, la qualité
des émaux et la transparence des blancs que nous admirons dans les
dernières œuvres de nos artistes, mais c’est la première tentative
faite avec les matériaux ordinaires du commerce, et encore trouve-
rait-on, surtout dans la plaque aux pêcheurs et aux baigneuses, une
ressemblance plus directe, une analogie plus grande avec de vieux
émaux du Louvre, que n’en ont la plupart des essais faits depuis. —
Les blancs et les noirs sont un peu heurtés, mais quelques détails y
sont enlevés avec un grand bonheur et les ors posés avec discrétion
produisent un bon effet.
C’est encore à Froment-Meurice que nous emprunterons le docu-
ment qui suit. On sait qu’en 1845, à l’occasion du mariage de Louise-
Marie-Thérèse, fille du duc de Berry, avec Ferdinand Charles III de
Bourbon, duc de Parme, les dames de France voulurent offrir à la
duchesse une toilette d’argent ciselé, rappelant les présents qu’il
était d’usage de faire au xvme siècle.
L’orfèvre parisien en eut la commande et s’adjoignit pour l’exécu-
tion de ces pièces importantes J. Feuchères, Geoffroy-Dechaume et
Liénard. La toilette a été souvent décrite; il en existe une eau-forte
gravée à Parme en 1853 par A. Rosseno; nous n’y reviendrons pas.
Mais nous signalerons les deux coffrets dont Burly a donné un bois
dans son livre sur Froment-Meurice. Ces coffres étaient ornés de
vingt plaques d’émail « dans le style des émaux de Limoges blanc
gris et bleu foncé. Ces vingt émaux, hauts de 12 centimètres,
sur 6 de large, représentent les femmes les plus célèbres de la
monarchie française depuis sainte Clotilde jusqu’à Anne d’Au-
triche ».
La photographie que nous a montrée M. Froment-Meurice contient
la reproduction de trois de ces plaques : Anne de Beaujeu, Anne de
Bretagne et Jeanne d’Albret; mais, où Pli. Burty s’est trompé, c’est
lorsqu’il a attribué l’exécution de ces émaux à Sollier et à Meyer. Il
confond Meyer (Alfred) et Meyer-Heine, que nous avons nommé plus
haut, et il oublie de citer Grisée, lequel eut à ces émaux une part
d’exécution beaucoup plus considérable que les deux autres. Nous
tenons ce détail de Grisée lui-même; il nous a conté maintes fois les
difficultés qu’il avait eues pour mener à bien ce travail fait en colla-
boration. Grisée affectionnait beaucoup l'emploi des blancs modelés
sur fond bleu de roi et nous avons connu de lui une plaque exécutée
dans le même goût; il fit par la suite, des émaux à la façon de
Limoges qui sont d’un caractère très supérieur. Nous donnons au