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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Dimier, Louis: Reynolds en Italie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0474

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pinceau trop abondant a comme inondé l’Europe soutiennent mal la
gloire de cette école. Mais il serait injuste, même aujourd’hui, de
croire que c’est là tout ce qui s’en peut dire.

Des morceaux de grand prix que l’on rencontre non pas seulement
en Italie, mais çà et là dans plus d’un musée d’Europe, relèvent
singulièrement, aux yeux d’un juge impartial, le mérite parfois trop
rabaissé des principaux maîtres de Bologne.

Sans aller plus loin que le Louvre, où nombre de tableaux à la
douzaine les représentent assez fâcheusement, on ne peut mécon-
naître la beauté réelle d’une Déjanire du Guide, d’une Résurrection de
Lazare du Guerchin, d’une Vierge avec saint Luc et sainte Catherine
d’Annibal Carrache, d’une Vision de saint Hyacinthe de Louis Carrache.

Ce dernier tableau justement était à Bologne il y a un siècle, et
Reynolds l’y a vu. Il a toujours fait de son auteur, qui fut après
Calvaert et Tibaldi le maître de l’école, un cas particulier.

« Dans la partie du style, disait-il à l’Académie, Louis Carrache
me semble approcher le plus près de la perfection. Dans ses meilleurs
ouvrages, ses lumières et ses ombres larges, sans affectation, la
simplicité de son coloris qui, étant ménagé comme il convient, ne
distrait en aucune manière l’œil du sujet, et l’effet imposant qui
résulte de ce demi-jour qui semble répandu sur toutes ses produc-
tions, conviennent mieux, selon moi, aux sujets graves et majes-
tueux, que ce brillant plus factice de la lumière du soleil dont le
Titien a éclairé ses ouvrages. Mais il est malheureux que les oeuvres
de Louis Carrache, dont je crois l’étude si utile pour les élèves,
ne se trouvent pas, pour ainsi dire, hors de Bologne. Saint François
au milieu de ses moines, la Transfiguration, la Naissance de saint Jean-
Baptiste, la Vocation de saint Mathieu, le Saint Jérôme, les fresques du
palais Sampieri, sont tous des ouvrages dignes de fixer l’attention
des jeunes artistes, et je pense que ceux qui voyagent ne peuvent
mieux faire que d’employer plus de temps dans cette ville qu'on n’a eu
jusqu’à présent coutume de faire '. »

En rabattant ce qu’on voudra de cet éloge, on ne laissera pas d’y
reconnaître la sûreté d’un critique très au fait des choses dont il
parle, et la précision d’un juge qui les a mûrement examinées.

Il serait trop long de produire ici tout ce que Reynolds, chemin
faisant et pour donner du corps aux principes qu’il exposait, a dit des

1. Deuxième discours. Litterary Works of Reynolds ; London, Bell, 1886, vol. I,
p. 323.
 
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