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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

DOI issue:
Nr. 6
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Bouchot, Henri: Les Salons de 1893, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0488

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

salons encore pour nous habituer. On avait, l’an dernier, reproché à
Détaillé une charge de huss ards, parce que la période est d’incubation
encore. Peu à peu on s’y fait (on s’était bien fait aux chevaux de
Yernet), n’importe, on y a peine. L’art est-il en vérité de traduire
brutalement la nature ou de l’arranger? Autre question, pour laquelle
vous n’auriez pas deux réponses congruentes, au cas que vous les
sollicitiez.

Napoléon, naguère oublié, reproscrit, on croyait définitivement
enterré, est en bonne voie de se rétablir un cycle; le dernier cycle
date à présent de 50 ans, lorsque Louis-Philippe avait ramené les
cendres. Les gens à information précise attribuent la présente résur-
rection aux Mémoires de Marbot, aux livres récents, « à quelque
chose dans l’air », on ne sait qu’est-ce, mais on le dit par genre.
Strictement, Meissonier avait déjà interrompu les prescriptions; il
tenait de Raffet et de Charlet la religion spéciale, et la légende du
Petit chapeau lui doit bien quelques interpolations. Pour le moment
les Napoléonides ont ajouté à ces formules des supercheries de
métier; si on ne donne pas la barbe bleue au héros, c’est bien tout
juste. Il est en plein soleil ou dans la nuit, dans la nuit le plus
souvent, pour la note tragique.

Au soleil, c’est plus volontiers Bonaparte encore, le général
républicain; le voici au siège de Saint-Jean-d’Acre, assis sur un
morceau de rocher et regardant faire Kléber : œuvre de M. Sergent.
Ou bien il lève le siège de Saint-Jean-d’Acre et traverse le désert,
mettant une ombre violette sur le sable jaune : œuvre de M. Morot.
Suivant les goûts, ces besognes sont ou ne sont pas supérieures ; elles
ont d’ailleurs le tort de rappeler d’autres peintures qu’on n’a pas eu
le temps d’oublier complètement.

Lorsqu’on le met dans la nuit, Napoléon est au couvent de Mohl,
à Craonne, ou assis à une table de paysans. A Mohl, il est devant un
bureau et la bougie le coupe en deux parties égales; d’un côté, il est
tout noir, de l’autre, tout clair. M. Bois-le-Comte a plus cherché cet
effet qu’il n’a tenté une scène d’histoire. De même, pour le matin de
Craonne de M. Roussel ; la lutte est entre la lumière et le jour levant.
Napoléon n’y a point le premier rôle, mais l’épisode est d’un saisisse-
ment étrange. Il a fallu, pour obtenir les oppositions de coloris,
que le général présent mît en abat-jour sa main sur la chandelle
 
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