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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 6
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0545

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LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS.

303

.Ayant eu par hasard

A mettre en vers latins la fable de Myrlile,

Je sus, cousant si bien des eentons de Virgile,

Avec tant d’éloquence en peindre mes amours,

Que je fus, haut la main, le premier du concours.

Le voilà bachelier et amoureux de sa cousine, il gardera toute
sa vie le reflet de cette heure de jeunesse où il marchait dans un
« monde enchanté »; il ne perdra jamais le style précieux enseigné
par ses maîtres, ni la fidélité aux classiques préférés; il saura sou-
ligner d’un distique latin le sens d’une allégorie peinte, mais de plus
il caressera comme Dante jusqu’à l’heure dernière :

.... son pur amour dépourvu d’espérance,

Son beau rêve d’enfant, sa chère Béatrix.

Il fit son droit et le fit assez mal, mais en même temps, par une
intelligente concession à ses goûts, son père lui permit d’entrer dans
l’atelier de Picot; c’est là qu’il commença à peindre et qu’il connut
Cabanel, Bouguereau, Giacometti, Langée et Pils; ce dernier, bien
que son aîné de beaucoup, se lia avec lui d'une étroite amitié.

Il y a de Popelin un charmant portrait, fait à cette époque par
Pils et qui, enlevé au bout de la brosse, est plein de fraîcheur, de
jeunesse et d’éclat1. L’artiste y est représenté en tenue d’atelier, la
palette à la main : c’est Popelin, tel qu’il était avant son départ pour
l’Italie, quand il menait à Paris là vie joyeuse. « L’école était si
loin et le plaisir si près. » Son père le réveille et l’arrache à cette
existence inutile, il lui montre un but à atteindre, lui permet de se
donner tout entier aux arts ou aux lettres, mais il veut qu’il s’y
prépare par une retraite, par un exil laborieux et, en 1S46, à l’àge
de vingt et un ans, Claudius Popelin se met en route pour l’Italie.

L’Italie d’alors n’était pas celle que nous ont faite aujourd’hui les
chemins de fer et les guides. On n’y rencontrait pas des bandes de
touristes, les hôtelleries y étaient rares. Aller en Italie était le rêve
de tout poète, de tout artiste épris d’idéal: on lisait encore Byron ;
George Sand et Musset avaient rapporté de Venise la passion dou-
loureuse dont le germe allumait dans les âmes autant de curiosité
que d’amertume. Puis l’Italie était captive, elle avait dans les fers
une beauté qu’elle a perdue.

Popelin y vécut deux ans, mais il voyagea peu et ne vit pas toutes

1. Nous publierons ce portrait dans la suite de celte étude.
 
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