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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 6
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0548

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506

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lisant ses poésies à Giotto. Nous n’avons pas à raconter les débuts du
peintre, la Gazette a souvent rendu compte de ses travaux et Paul
Mantz lui a donné des éloges auxquels nous n’avons rien à ajouter.
Mais ce qu’il est à propos de noter, en feuilletant les catalogues des
Salons de peinture, c’est la fidélité que Popelin garda aux sujets de
la Renaissance et particulièrement aux choses d’Italie : — C’est, en
1857, Robert Estienne entouré des savants qui l’aident à ses travaux; en
1859, c’est Calvin à la cour de Ferrare ; c’est Guillaume Budée, fondateur
du Collège de France, apprenant d’Hermonyme de Sparte la langue grecque
dont il fut dans notre pays le premier professeur ; en 1861 surtout, c’est
Dante victorieux rentrant à Florence après la bataille de Campaldino.

Dans ses émaux, plus tard, nous remarquerons les mêmes noms
avec des sujets plus simples, mais une préoccupation identique;
toujours il restera fidèle à la saine doctrine de la science, de l’art et
de la poésie.

Nous avons revu quelques-uns des portraits qu’il a peints, ils
sont d’un dessin serré et d’une belle pâte. Dans un portrait qu’il fit
de lui-même et que possède son fils, nous avons retrouvé les procédés
d’Ary Sclieffer, mais de la première manière, colorée, chaude,
emportée. Ce portrait est curieux à un autre titre, c’est que Popelin
s’y est peint à la Musset : sa barbe blonde, son opulente chevelure,
sont arrangées de façon à accentuer la ressemblance.

Je n’ai pas connu Popelin en ce temps-là, mais ses amis m’ont dit
combien il était beau déjà, — d’une beauté moins grave, moins
fière, moins hautaine, — avec moins de style peut-être et plus de
gaieté. M. Bartholdi, son camarade d’atelier chez Ary Sclieffer, m’a
dit qu’il était joyeux, rieur, aimable et bon, qu’il avait déjà les
exquises qualités de causeur que nous lui avons connues, mais que le
charme agissait sur son auditoire avec plus de force, parce qu’il avait
plus de jeunesse et d’entrain, moins de solennité. Mais, ajoutait-il,
« il avait des heures de mélancolie d’où rien ne le pouvait tirer, il
s’y plongeait comme dans un rêve; il avait rapporté ça d’Italie, et
quand ça le prenait, nous le plaisantions disant : Voilà Popelin en
route pour Ferrare, il va faire la cour à sa duchesse ».

Outre ses tableaux, Claudius Popelin se dépensait à des occupa-
tions multiples; il collectionnait des livres à devises et à emblèmes,
il écrivait beaucoup, il dessinait, il s’essayait à graver; il fit des
pochades en nombre considérable, il s’amusa à composer des orne-
ments et des scènes dans le goût du xvme siècle, mais y renonça
vite pour s’occuper de céramique.
 
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