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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 6
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0559

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LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS.

517

Élysées, sous l'Empire, le rendez-vous de toutes les élégances, avait
demandé à Popelin de faire à son gré telle chose qu’il jugerait
susceptible d’être traduite en émail ; l’artiste-poète, l’écrivain philo-
sophe, avait pris ce thème : Veritatis zelatoribus. 11 y travaillait, il
travaillait aussi à son livre l’Email des Peintres.1

« Mettre aux mains des hommes de bonne volonté les moyens
pratiques de faire de l’émail, leur indiquer la voie véritable où se
doit maintenir cet art national, c’est ce que se propose ce petit livre.
Il va sans dire qu’il ne s’agit ici que de l’émail des peintres, tout
autre relevant plutôt de l’industrie que de l’art proprement dit. »

C’est ainsi que commence la préface, et nous n’en citerons pas
une phrase de plus parce que ce livre est devenu classique, qu’il est
aux mains de tous ceux qui aiment ou pratiquent l’émail et qu’il
est recherché par les bibliophiles autant que par les artistes.
Son style précieux est imité des traités d’un autre âge; il contient
des enseignements pratiques et des recettes hermétiques, il est fait
de chimie et d’alchimie, de science et de tradition ; les dessins y expli-
quent, parfois mieux que la phrase, ce qu’il convient de faire : c’est
en tout cas l’œuvre d’un convaincu, d’un savant et d’un ouvrier.
Popelin l’a dédié à Isidore Pils, « en témoignage de profonde estime
et de vieille amitié », et un autre ami, Théophile Gautier, Ta enrichi
d’un sonnet dont les mots étincelants brillent comme des émaux :

A CLAUD1US POPELIN, MAITRE ÉMAILLEUR

Le temps efface l’art avec un doigt trop prompt,

Et l’éternité manque à la forme divine.

Le Vinci sous son crêpe, à peine se devine,

Et de Monna Lisa, l’ombre envahit le front.

Ce que nos yeux ont vu, bien peu d’yeux le verront.
On cheréhe, au Vatican, Raphaël en ruine,

Michel-Ange s’éteint, aux murs de la Sixtine;

Comme Apelle et Xeuxis, ils s’évanouiront.

Mais toi, mon Claudius, tu fixes ta pensée ;

Tel que l’ambre une fleur, l’immarcessible émail
Contre les ans vaincus, abrite ton travail.

1. L’Email des Peintres, par Cl. Popelin. 1 vol. illustré in-8° de 208 pages.
Paris, Lévy, 1886.
 
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