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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Lechat, Henri: Tanagra, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0018

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

toute mythologie et de toute symbolique, que donnent irrésistiblement
à des yeux non prévenus la plupart des statuettes de Tanagra. Telle
est la constatation essentielle qu’on ne peut se dispenser de poser
d’abord, quelque difficulté qui en doive résulter.

Difficulté sérieuse : comment, en effet, des hommes dont la piété
gardait, sans la discuter, la tradition passivement subie, ne Font-ils
pas gardée telle qu’ils l’avaient reçue, dans sa forme primitive,
consacrée par l’usage de plusieurs centaines d’années? Comment, si
rien n’avait été modifié dans l’accomplissement du rite, les petites
idoles funéraires, les seules quasi que le ve siècle connût encore, se
sont-elles la plupart changées si promptement, au siècle suivant, en
des personnages quelconques, pris au hasard dans la rue?

Il faut, pour rendre compte de cette transformation, accorder
beaucoup à l’esprit du temps 1. Le iv° siècle marque, dans l’histoire
du génie grec, une époque de renouvellement; on a dit parfois :
époque d’émancipation, — terme inexact, car jamais génie national
ne fut plus libre dans sa croissance que celui de la Grèce antique, et
ne sentit moins le besoin de s’émanciper, n’ayant été gêné d’aucune
entrave. Ce qu’on doit dire simplement, c’est que ce génie, arrivé au
plus haut de son progrès, ne s’arrête ni ne décline, mais qu’il conti-
nue à se développer en largeur, qu’il découvre un domaine nouveau
à exploiter, et l’exploite en restant digne de son passé. Le sentiment
religieux et moral a donné leur unité fondamentale aux productions
tant littéraires qu’artistiques du siècle de Périclès; l’unité de celles
du ive siècle se trouve dans l’observation humaine, étude de l’homme
et de tout ce qui touche l’homme, entreprise à la fois de tous les
points d’où l’homme peut être observé et étudié. La maxime qu’avait
empruntée Socrate au temple de Delphes pour en faire sa formule de
vie, semble être devenue, au ive siècle, l’unique programme de tous,
artistes et penseurs; il ne s’agit pour tous que de connaître l’homme
et de le révéler à l’homme. Alors, ce n’est pas seulement la philosophie
qui descend du ciel sur la terre; l’art aussi quitte l’Otympe pour
l’agora; et la poésie, la « langue des dieux », cède le premier rang
à la prose. Praxitèle, puis Lysippe ramènent peu à peu la sculpture
du monde des immortels à celui des vivants, matière moins noble
sans doute, mais plus variée. Après Zeuxis et Parrhasios, qui avaient
déjà montré quelque goût pour les sujets familiers, Pausias lance la
peinture de genre et Apelles exécute quantité de portraits. Ménandre,

1. Rayet pensait de même (voir ses Etudes d'archéologie et d’art, page 301).
 
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