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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Largillière, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0108

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LARGILLIÈRE.

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occupent une des faces principales est le mariage du duc de Bourgogne
avec Adélaïde de Savoie, peint par Largillière ». mais ce tableau, qui
a disparu et dont il ne nous reste pas même une esquisse, il s’abstient
de le décrire et nous ne savons même point dans quelle mesure le
peintre avait utilisé l’allégorie qui était dans les mœurs du temps.
Mais nous savons que le portrait y jouait un rôle capital. Le tableau
ayant été exposé au Salon de 1699 avant d’être placé à l’Hôtel de
Mille, Florent- le-Comte en a parlé en termes intéressants : « Au
trumeau 10, dit-il, étoit un très grand tableau de M. de Largillière
représentant les hommages de tout Paris, rendus à Mme la duchesse
de Bourgogne, par M. Du Bois, S. du Bosc, prévost des marchands,
échevins et les autres officiers de cette capitale du royaume, dont
tous se reconnoissent l’un l’autre, tant ils y sont naturellement
représentez : ce même tablau sera, à ce qu’on dit, placé à l’Hôtel de
Ville et fera comme regard à celuy que ce même peintre a fait, il y
a quelques années, au sujet de l’honneur que fit le roy à cette capi-
tale du royaume de disner dans son Hôtel de ville et d’y être servi
par tous les officiers qui avoient le bonheur pour lors d’y avoir
quelque dignité 1. »

Nous trouvons dans le Mercure la preuve que l’année suivante
l’attention du public et de la cour fut attirée sur certaines œuvres
de Largillière. 1698, c’est l’année du camp de Compiègne, fête mili-
taire, qui, grâce au luxe du règne finissant, devint un spectacle
d’élégance et de faste. Tout le monde courut au camp de Compiègne
et le roi s’y rendit avec Mme de Maintenon et la duchesse de Bour-
gogne. Le camp, formé de 60,000 hommes, était commandé par le
maréchal de Boufflers, qui, dit Saint-Simon, semblait vouloir
apprendre à tous ce que c’était que l’élégance, le nouveau et l’exquis.
Les cuisiniers s’y appliquèrent fort et firent des prodiges, car les
tables du maréchal étaient « sans nombre et toujours neuves et à
tous les moments servies, à mesure qu’il se présentait ou officiers ou
courtisans ou spectateurs ». Le même goût pour le luxe avait présidé
à l’installation des logements : « des maisons de bois furent meublées
comme les maisons de Paris les plus superbes ». Tout cela coûta
beaucoup d’argent. « Il n’y eut point de régiment qui n’en fut ruiné
pour bien des années. Cette magnificence incroyable, continue Saint-
Simon, épouvanta toute l’Europe. » La maison du maréchal de
Boufflers avait été agrandie par une construction de bois. Cette salle

1. Florenl-le-Gomte, Cabinet des Singularités, 1702, t. III, 209.
 
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